Logicisme et philosophies analytiques : Le tournant linguistique au début du xxe siècle
La situation change radicalement au XXe siècle où la philosophie analytique, authentique philosophie du langage courant initialement anglo-saxon, opère un tournant linguistique (linguistic turn). En remettant en cause les présupposés de la philosophie classique, la philosophie analytique met au jour la complexité syntaxique et sémantique de nos énoncés, propose une nouvelle méthode et élève le langage au rang d’une véritable dimension de la pensée. Telle est la première leçon à tirer : les problèmes philosophiques fondamentaux seront dorénavant formulés à partir d’une analyse des incidences du langage dans lequel ils se formulent. Si la philosophie consister à penser des problèmes – et notamment des problèmes relatifs à la vérité – et si la pensée est indissociable du langage (« penser, c’est opérer sur des signes », selon la formule de Wittgenstein), alors c’est la philosophie elle-même qui est indissociable du langage.
C’est à partir de la question de la vérité, c’est-à-dire celle de savoir sur quel fondement assurer les connaissances scientifiques, que la philosophie analytique va s’élancer. Cette réflexion sur l’activité scientifique va se déporter sur les mathématiques qui soutiennent la rigueur des sciences de la nature. En effet, depuis leur élucidation par Kant, l’arithmétique et la géométrie ont considérablement évolué et nécessitent une refondation. Gottlob Frege (1848-1925) puis Bertrand Russell (1872-1870) vont chercher à les fonder sur des lois logiques universelles pour les affranchir des imperfections des langues naturelles et de l’ambiguïté du psychologisme. Cette ambition théorique porte le nom de projet logiciste.
I a philosophie analytique part de la croyance commune selon laquelle les mots correspondent à des êtres réels et la structure grammaticale de nos phrases reflète l’ossature logique du monde. Or le langage produit des confusions et fait écran à la vérité. Il convient de l’analyser correctement et de le corriger. L’analyse étudie la signification des mots et des phrases, décompose les expressions complexes en expressions simples et vérifie qu’elles correspondent bien à des entités réelles. Elle est érigée en méthode pour élucider les problèmes philosophiques et dénoncer les illusions naïves du langage.
Mais, dès les années cinquante les insuffisances du logicisme donneront lieu au second tournant linguistique. Ludwig Wiltgenstein (1889-1951) et John Austin (1911-1960) feront porter l’accent sur la richesse des langues naturelles sans chercher à les réduire aux règles logiques. Cette seconde philosophie analytique est une philosophie du langage ordinaire.
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