Wittgenstein Savoir-faire et savoir
Renonçons à la mythologie d’une intériorité mentale et à la myttj I logie d’une signification des mots qui serait une entité spirituelJ Comment faisons-nous alors pour parler, nous comprendre, exister intelligemment ? Nous ne savons pas comment nous faisons répond Wittgenstein, mais nous savons faire.
Montrer pour enseigner
D’abord, puisque n’importe quoi peut désigner n’importe quoi, comment nous y reconnaissons-nous ? Nous apprenons, c’est cela la vie. PourWittgenstein, toute utilisation d’un élément de communication doit être comprise comme résultant d’un apprentissage.
L’apprentissage élémentaire des significations, au niveau le plus bas, se fait par ostension : on montre. C’est ainsi que nous avons appris les couleurs, par exemple (« … ça c’est rouge, ça, non, c’est orange… »). Mais cette ostension n’est rien de simple ni de direct. Quand je montre deux noisettes en disant « ça deux ! », mon correspondant coréen peut parfaitement comprendre que « deux » veut dire noisette, ou bon à manger, ou couleur marron clair.
Avoir compris c’est savoir faire
Alors, que signifie apprendre? Quand a-t-on compris ce qu’on apprend ? Je serai sûr que mon correspondant coréen à compris que je lui montrais deux noisettes pour lui apprendre « deux » lorsqu il cessera d’appeler « deux » toutes les noisettes et qu’il appellera « deux » deux verres, deux pièces de monnaie… Il sait quand il sait faire, il sait faire parce qu’il a appris.
Avoir compris la division euclidienne, c’est savoir en faire (un certain nombre) sans erreur. Rien d’autre, surtout Das un « événementv0us avez compris ? » tout le monde répond « oui !! ». Mais très réussissent à faire ensuite du premier coup.
Jouer aux échecs
^analogie entre les jeux de langage et le jeu d’échecs est souvent utilisée par Wittgenstein. D’abord, on remarquera qu’on sait jouer parce qu’on a appris à jouer, et on a en général appris à jouer en jouant, pas en étudiant le manuel officiel des règles. Exactement comme le langage.
La question « qu’est-ce qu’un mot ? » est analogue à la question « qu’est-ce qu’une pièce d’échecs ? » : elle est ce qui permet de jouer, et cela peut être un morceau de bois, d’ivoire, ou une image électronique sur un écran, ou même rien, dans une partie mentale entre deux experts. La question de départ est mauvaise, c’est le jeu qui existe, et il existe factuellement, parce qu’il y a des humains qui y jouent.
N’importe quoi peut remplacer n’importe quoi dans un jeu : une capsule de bière remplace une tour blanche et se trouve investie de la même « signification ». C’est-à-dire a le même usage, rien de plus.
Le problème des règles
Mais il ne suffit pas non plus de dire que nous jouons selon les règles apprises. Car il est très courant d’employer des règles qu’on ne connaît pas. Nous savons faire du vélo mais savons-nous exactement comment ? Sans connaissance avancée sur l’effet gyroscopique des roues et les équations d’équilibre dynamique pendant le pédalage, non. Nous appliquons des règles d’équilibre sur le guidon sans savoir quelles sont ces règles, nous avons appris naturellement, sans passer Par des règles. Même chose pour le langage : un locuteur français moyen sait employer le subjonctif quand il le faut sans avoir d’idée précise des règles grammaticales (hyper-subtiles) qu’il applique… correctement.Tous les enfants savent appliquer les règles du pluriel °u de la conjugaison bien avant leurs premières leçons de grammaire (heureusement pour eux).