L’impuissance de dieu : Ambigüité et limitation de la puissance divine
écrit le: 25 janvier 2015 par admin modifié le 31 janvier 2021
Cette position n’est pas isolée. C’est de manière indépendante que, dans d’autres traditions de pensée, l’impuissance est apparue tantôt comme un défaut, tantôt comme un attribut positif de la divinité. Lorsque Platon, ainsi, affirme, dans La République, que « Dieu, puisqu’il est bon, n’est pas la cause de tout » mais d’une petite partie de ce qui arrive aux hommes » et « ne l’est pas de la plus grande » car « nos biens sont moins nombreux que nos maux », il paraît limiter seulement en extension la puissance divine ; mais dans le Timée, il distingue encore, au sein même de cette puissance, entre l’action fabricatrice du Démiurge, et l’action tout idéale du Modèle intelligible qui lui sert de guide ; et l’on peut penser que le terme de puissance —comme celui de cause dont l’emploi est ici ambigu — ne s’applique proprement qu’à la première. Encore l’action du Démiurge est-elle moins créatrice qu ’ ordonnatrice, et voit-elle son propre pouvoir limité par la résistance et l’indétermination propre d’une matière préexistante.
L’« Idée du Bien » est le nom platonicien de la divinité ; d’elle il est dit qu’elle procure la vérité et l’intelligence » ; c’est à ce titre qu’elle peut servir de modèle à l’action du Démiurge ; mais elle se trouve dénuée de toute efficience propre ; aussi peut-on affirmer qu’au sens où l’entend Scheler, l’impuissance lui appartient mitant que la puissance— impuissance redoublée par l’écart séparant la perfection du modèle et l’imperfection de la copie.