Heidegger Le tournant de la pensée
Heidegger est de très loin le meilleur commentateur de lui-même appelle « tournant » un changement important de sa pensée. Bi I sûr, pas un virage à 180° pour reconnaître des erreurs et chancre d’avis, ce n’est pas son style, mais une inflexion de la pensée qui (fai être comprise comme le détour d’un chemin de montagne qui continue de progresser vers le haut en changeant de direction… T
Le virage de l’Être
De plus en plus, Heidegger conçoit l’ouverture, l’apparition, la simple] donation de présence qui constitue l’être, comme une manifestation active, presque une volonté, une action, de la part de l’Être. C’est l’Être qui se révèle, comme une puissance qui donne présence, ce n’est pas notre conscience qui «rencontre» l’être, la présence. L’accent a changé, il porte sur l’Être et plus sur le Dessein. Et ce n’est pas seulement un accent, c’est le fondement de la pensée qui s’est déplacé.
Ce n’est pas moi qui infléchis ma pensée, c’est l’Être lui-même qui contient cette inflexion, ce tournant, explique Heidegger. C’est un tournant à l’intérieur de l’Être : l’Être se voile en même temps qu’il dévoile l’étant. Dans l’étant, l’Être s’est voilé… en tant qu’Être. Il maintient son retrait, il reste en retrait, il se réserve.
Dépasser la métaphysique
Quand la métaphysique, fourvoyée, interroge l’étant et pas l’Être, elle participe au mouvement par lequel l’Être se voile (comme Être) en se dévoilant (comme étant).
Donc, dépasser la métaphysique, le slogan heideggérien après le tournant, ne signifie pas la dépasser au sens de la réfuter, ou ne plus s’en occuper, mais au contraire au sens de comprendre tellement ca nature et ses questions qu’on reprend ses questions sur le plan ou elle voulait les traiter sans y parvenir,et on comprend ce qui lui en masquait le sens : l’Être lui-même se voile en se dévoilant, sevoilant.
tournant est parfois présenté par Heidegger comme « l’autre mencement » de la pensée, un commencement dans l’Être, rès le premier commencement, raté, dans l’étant. Ce premier commencement était devenu, depuis Descartes, une métaphysique du « sujet », c’est-à-dire qu’à force de se comprendre à partir de l’étant, l’homme s’est conçu comme l’étant central parmi les étants, l’étant qui dispose des autres étants.
Le Dasein s’était affaibli en simple « sujet ».
Passer en majuscules
Dans le tournant de sa pensée, de moins en moins analytique et de plus en plus poétique, Heidegger tend à faire de chaque concept fondamental un nom propre. En français, on aide à sentir la nouveauté si on traduit en mettant des majuscules : l’Être, la Vérité, le Dit… En allemand, il y a déjà des majuscules aux noms communs, mais Heidegger a recours à une orthographe archaïsante (Seyn au lien de Sein) ou à un vocabulaire archaïsant (die Sage).
LAbîme comme jeu de mots
La recherche du fondement (de l’Être comme fondement) conduit à l’absence de fondement (au Néant), pour Heidegger, par le jeu sur Grund (fondement ou raison) et Abgrund (abîme). Si nous raisonnons à partir du principe de raison, qui stipule que « rien n’est sans raison », jusqu’où irons-nous ? D’une chose à sa « raison », d’étant en étant, c’est-à-dire nulle part. Mais en considérant l’origine d’être de I étant, le déploiement de l’Être lui-même, nous trouverons la raison (Grund) des raisons, le fondement (Grund aussi) des fondements… qui lui-même n’a pas de raison ni de fondement, et doit donc être reconnu comme Abgrund, l’Abîme.
Le pourquoi des pourquoi est sans pourquoi, c’est cela l’Être.
Vidéo : Le tournant de la pensée
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