Bergson L’esprit, au-delà du corps
Le contresens psycho-physique
La science du XIXe siècle finissant ne doute de rien, et surtout pasB conquérir sans trop tarder les derniers îlots de résistance à la rédu tion scientifique, par exemple la vie ou la conscience. Il S‘agit semble-t-il, d’effets de la matière plus complexes que les effets dynl miques, chimiques ou électriques certes, mais effets de la matière quand même. Ce n’est pas une erreur, dit Bergson, c’est un contre-1 sens, une erreur de compréhension du problème.
À commencer par la soi-disant « psycho-physique ». Car la psychologie naissante commence par une psychométrie : mesurer les états psychiques, quantifier la douleur par exemple. Qu’est-ce qu’une intensité de joie ou de tristesse, demande Bergson ? Une intensité qualitative, et pas du tout quantitative. Chaque joie est une joie différente, et même chaque instant, de joie ou de tristesse, est d’une tonalité absolument unique. Ils ne s’additionnent pas entre eux.
Toujours le même contresens : on traite le qualitatif comme du quantitatif, on traite le temps vécu comme de l’espace mesuré.
Pour déclencher un effort physique, je suppose qu’il me faut une « action mentale » de la volonté, et si le corps à déplacer se révèle plus lourd que prévu, je commence par un petit effort mental qui donne un petit effort physique, puis j’augmente mon effort mental. pour augmenter mon effort physique. Sauf que cet « effort mental » n’est qu’une façon de parler très inadaptée.
Acupuncture philosophique
Imaginations (imaginons seulement !) une épingle (désinfectée) que l’on se plante très progressivement dans la main,de plus en plus profond.Quantitativement,on peut mesurer en peut mesurer en dixième de millimètres la progression, parfaitement continue, de l’aiguille. Un psychologue particulièrement nul peut penser qu’il y aura une douleur psychique proportionnelle a cette mesurer .
Proportionnelle à cette mesure physique de profondeur! Au début un effleurement, puis le sentiment d’un simple ntact sur la peau, puis une sensation plus nette et ponctuelle de ne pincement, puis une douleur locale, puis une irradiation de la douleur sur quelques centimètres carrés… et on s’arrête avant d’atteindre l’os. Chacune de ces sensations a été qualitativement différente des autres, différente par nature et pas du tout la même sensation à des « degrés » différents.
Il n’y a dans le physique que du quantitatif, il n’y a dans le psychique que du qualitatif.
Qu’y a-t-il dans le cerveau ?
La pensée est donc par nature totalement indépendante du corps en général, et du cerveau en particulier, parce qu’elle est d’une autre nature. Mais en pratique la conscience utilise le cerveau comme son organe de contact avec la matière. Le cerveau pour Bergson n’est rien de plus, mais rien de moins non plus, que l’interface entre la conscience et la matière, interface neutre, comparable au système nerveux réflexe. Aucune création, aucune initiative dans le cerveau. Il transmet, c’est tout.
Notre conscience est orientée vers l’action, c’est-à-dire tournée vers le présent, par notre corps. En dehors de cela, elle n’est liée essentiellement ni au monde extérieur, ni au « présent ». Elle est suspendue au cerveau, oui, mais comme un vêtement est suspendu à un clou écrit Bergson. Les mouvements du clou produisent des mouvements du vêtement, y compris la chute, le clou Peut endommager le vêtement…
Mais le vêtement ne s’explique pas Par son clou.
Vidéo : L’esprit, au-delà du corps
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