Kant La nature
Ou l’on reparle des fins des fins
La science mécaniste et matérialiste qui s’impose au XVIII siècle n’explique quand même pas tout. Les philosophes ont remarqué que la science de Newton ne permet p3 de comprendre le moindre bris d’herbe. Car les êtres vivants, des plus petits jusqu’aux plus gros obéissent aux lois de la physique et de la chimie, mais cela ne suffit pas du tout à expliquer ni leur existence ni leur fonctionnement, pense Kant.
Qu’y a-t-il de plus dans un être vivant, un arbre ou un animal, que dans n’importe quel être non vivant? Une organisation interne, toujours très complexe et très performante, et qui semble avoir des « fins », des buts internes. Lorsque nous nous blessons, des cellules particulières du sang organisent la coagulation, d’autres la réparation de la peau, d’autres prolifèrent pour combattre une éventuelle infection… et cette machinerie fonctionne toute seule.
La Nature produit donc des êtres particuliers, les êtres vivants, qui sont des organismes. Ils possèdent une organisation intern® « téléologique », c’est-à-dire qui poursuit des buts, des fins (en grecj telos) : la conservation de la vie, l’alimentation, la reproduction… la science, physique et chimie, n’explique pas cette finalité interne,
ne fait que décrire mécaniquement les moyens qu’utilisent les org nismes.
La Nature n’est pas une simple mécanique…
Pas question pourtant de prendre en compte, comme le faisait Aristote, les fins dans la connaissance de la Nature. La connaissant scientifiaue restera définitivement matérialiste et mécaniste.Mais elle doit quand même utiliser les finalités a l’ouvre dans la nature pour prendre le vivant. Supposons un organe bizarre sur une plante nouvellement découverte : il faut se demander à quoi il sert,.0 présupposer qu’il sert à quelque chose, pour trouver a sert. Et l’expérience montre qu’on le trouve, et même qu’il y a des fins dans la Nature : tout est simultanément fin et moyen organismes naturels, comme l’écrit Kant.
… et pourtant si
Mais la présupposition de finalité que nous projetons sur les êtres naturels n’a pas le même statut que la connaissance physicochimique, descriptive, qu’on finit par trouver dans le phénomène. Le mécanisme donne seul une véritable connaissance scientifique de la nature, affirme Kant, par rapport à laquelle les interprétations finalistes ne sont que des interprétations : tout se passe comme si le pommier « voulait » produire des pommes. Mais il ne « veut » rien, tout s’explique en dernier ressort par du mécanisme physico-chimique.
Où l’on reparle de la valeur
Considérons donc toute la Nature comme emboîtement de finalités : l’eau s’évapore des mers pour retomber en pluie sur les terres, le sol fertile permet à l’herbe de pousser,
1 herbe nourrit l’herbivore… qui à sa mort fertilise le sol.
Une question s’impose : ces fins tournent-elles en rond ? Ou bien existe-t-i| une fin « dernière » qui serait visée par la Nature dans son assemble ? Étant donné qu’une telle fin, qui n’est le moyen d’aucune autre, est par définition une valeur, elle ne peut se trouver, affirme , que dans l’être qui est capable de valeurs, dans sa conscience : Urnain. La conscience morale de l’homme, qui échappe à la Nature, considérée comme la fin que vise toute la Nature. Sublime.
Vidéo : La nature
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