Les fondements du tournant existentiel
Kierkegaard : vers l’existence concrète
Si le terme d’« existentialisme » surgit brusquement après la Seconde Guerre mondiale lors d’une conférence chahutée de Jean- Paul Sartre à Paris (publiée en 1946 sous le titre L’existentialisme est un humanisme), le concept d’existence est néanmoins plus ancien. Il appartient au vocabulaire de la philosophie scolastique du Moyen Age. Pour les philosophes médiévaux, l’existence (existentiel) d’un être désigne le fait de sa réalité ou de son actualité par différence avec son essence (essentiel), c’est-à-dire ce qu’il est essentiellement au-delà de ses apparences multiples et changeantes. Existence et essence forment donc un couple.
Pour Kierkegaard, penser l’existence requiert d’être attentif à son effectivité actuelle et concrète, qui excède l’abstraction conceptuelle de la raison.
L’inspiration husserlienne
Le projet de Husserl de revenir « aux choses mêmes » par-delà l’objectivation insuffisante des sciences a permis à Heidegger et à Jaspers de proposer une description de l’existence humaine affranchie de certains présupposés métaphysiques de la philosophie classique (âme/corps, intérieur/extérieur, devenir/éternité, etc.). S’il n’y a pas une école existentialiste mais une pluralité de pensées singulières, celles-ci partagent toutes ce postulat général.
Le tournant existentiel
L’existence désigne le mode d’être particulier de l’homme, mode d’être qui ne peut être rationnellement déduit ou convenablement compris à partir de la raison théorique et scientifique. C’est pourquoi il convient de “décrire” l’existence de manière immanente, au plus près de son devenir concret. Ainsi, les philosophies d’inspiration existentielle s’ouvrent de manière inédite à de multiples aspects de la vie humaine qui étaient auparavant étrangers au questionnement philosophique : le temps, la relation à autrui, les différentes activités humaines le travail, la vie historique et politique deviennent de nouveaux objets philosophiques.