Le dilemme de bayle : Méchanceté ou impuissance de dieu ?
écrit le: 25 janvier 2015 par admin
En outre, en faisant, comme Leibniz, dépendre la permission du péché de la nécessité où se trouvait le Créateur de choisir, parmi tous les mondes possibles, celui que sa raison lui présentait comme le meilleur, on concilie peut-être la prescience divine et la liberté humaine, mais on limite la liberté de Dieu et l’on se trouve presque acculé à dire que, si le mal s’est produit, c’est qu’il devait se produire et qu’il n’était pas en son pouvoir de l’empêcher. Sans doute la nécessité du choix divin est-elle seulement hypothétique : si elle incline la volonté créatrice, cette volonté cependant ne saurait s’en déduire comme, en géométrie, un théorème peut être tiré analytiquement des propositions qui servent de base au raisonnement. Mais on doit reconnaître alors ou bien que Dieu ne pouvait pas concevoir, ou bien qu’il ne voulait pas créer un monde meilleur — ce qui est douter ou de sa puissance ou de sa bonté. Le problème est le même si cette puissance est celle non de la conception qui préside au choix divin mais de la force qui assure sa réalisation. Aussi Lactance lui donne-t-il la forme d’un dilemme dont il attribue la paternité à Épicure mais qu’il adapte à la théologie chrétienne et qui trouve chez Bayle formulation achevée : « Si [ Dieu | a prévu le péché d’Adam et qu’il n’ait pas [iris des mesures très certaines pour le détourner, il manque de bonne volonté pour l’homme […]. S’il a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher la chute de l’homme et qu’il n’ait pu en venir à bout, il n’est donc pas tout-puissant, comme nous le supposions » Ce dilemme ruine la réciprocité des attributs divins. Il introduit le soupçon d’un Dieu méchant —auquel ne pourra répondre que l’hypothèse, inverse, d’un Dieu impuissant.Le dilemme de bayle