Descartes L'animal-machine
L’automate animal
Descartes a disséqué des animaux, des cerveaux et des coeurs eri_ particulier. Sa science naturelle est plus expérimentale que les spécu-1 lations du Moyen Âge, mais moins efficace que celle qui est née dans! l’Italie de la Renaissance.
Un exemple de conduite expérimentale donnée comme modèle par Descartes : démontrer la circulation du sang, qui n’était pas acceptée jusque-là, en posant un garrot et en saignant avant et après le garrot.
L’idée d’expérimenter et de disséquer est due à l’hypothèse mécaniste : les êtres vivants, comme tous les êtres matériels, sont des machines qu’il faut démonter pour en comprendre les mécanismes. La vie n’est plus la fonction d’une « âme » insaisissable.
Le corps animal de l’humain
Pour Descartes, bien qu’il ne le dise jamais aussi directement, notre corps est un animal-machine, auquel les fonctions de l’âme viennent
s’ajouter. Si on suppose, affirme Descartes, un corps humain dépourvu d’âme (ce qui n’existe pas), il fonctionnera tout aussi parfaitement, comme corps, que les vrais corps humains (avec une âme).
Le fonctionnement du corps des animaux supérieurs, et donc de l’homme aussi, repose sur la machinerie des esprits, qui sont des éléments matériels circulant comme un gaz dans les nerfs qui sont des tuyaux : l’organisme est pour Descartes une machinerie pneumatique, un automate à air comprimé. La remontée de cette circulation pneumatique vers le cerveau constitue la sensation, et dans l’autre sens, cerveau vers muscle, les esprits commandent la motricité.
La parole et la raison
Dans ses idées de base sur le comportement animal, Descartes anticipe pavlov (un chien fouetté plusieurs fois au son d’une musique.
Comment distinguer un animal dépourvu d’âme et de raison d’un humain ? Par|a parole, répond Descartes, pas directement, parce que les perroquets par exemple peuvent prononcer certains mots, mais par le contenu de pensée des paroles, c’est-à-dire l’appropriation de ce qui est dit aux circonstances, la capacité à parler intelligemment en temps réel: un homme, même stupide, peut répondre au sens de tout ce qu’on lui dit, mais un animal parfaitement dressé ne peut réagir qu’à un nombre limité et prédéterminé de circonstances. La raison humaine est un instrument caractéristiquement universel affirme Descartes.
La Nature inerte
Descartes ramène toute la Nature, à l’exception des humains, au statut de simple machine matérielle.
Aucune différence fondamentale entre un insecte et une brindille. Je peux écraser l’un comme l’autre sans me poser de questions — ce qui facilite quand même la marche en forêt.
Aucune ressemblance fondamentale entre un chimpanzé de laboratoire et un humain. Voilà qui facilite considérablement nos expérimentations, les élevages d’animaux en batterie ou même la corrida (Descartes n’y est pour rien). Mais est-ce bien certain ?
Pour Descartes, métaphysiquement certain. Si on concède que ertains animaux pensent et donc ont une âme immortelle, il faudra ce dernier pour tous et finir par reconnaître que les huîtres pensent et ont une âme. C’est inacceptable religieusement — et gastronomique- ment.