Bergson La morale, au-delà de la société
La vie crée des besoins et se donne les moyens de les satisfaire. elle utilise pour cela notre corps, notre intelligence, notre langage, tout que nous avons élaboré pour modi-i fier nos conditions de vie. Parmi les moyens de la vie, la morale et la religion, qui pourtant ne se réduisent pas à cette fonction de moyens.
Deux sources de la morale et de la religion
La morale et la religion peuvent être la meilleure ou la pire des choses. Bergson explique pourquoi, et donne des repères pour une lecture un peu plus critique des phénomènes.
Parce qu’il y a deux sources, quasiment contraires, de la morale et de la religion.
Ces sources se distinguent entre elles comme se distinguent le mouvement et le repos, l’élan et sa retombée, la durée créatrice et le mécanisme spatial. Ce qui explique qu’il y ait une dimension statique et une dimension dynamique dans les morales comme dans les religions.
Source 1 : les conformismes
La simple existence de règles, et d’une pression sociale pour qu’elles soient suivies, est toujours favorable à la cohésion sociale… même si ces règles sont absurdes. C’est triste à dire. La morale sociale est donc un système de forces et de contre-forces destiné à faire fonctionner le corps social. Chez les hommes, êtres conscients, les idées morales ont simplement pris le relais de ce que l’instinct accomplissait chez les animaux sociables. Cette morale nous prépare à des sociétés limitées et closes.
rMB première source donne en même temps ce que Bergson ^lle la religion statique, qui est un organe, apparemment indispensable, du fonctionnement social. N’importe quelle fable peut J^plir cette fonction. Vu sous le plus mauvais angle, cette fonction consiste à limiter, dans l’intérêt de la société, les possibilités illimitées ^fntelligence. Les humains n’étant plus bridés par un instinct, la Nature a inventé la religion pour qu’ils restent sages. Sans compter les bénéfices psychologiques de la religion : apaisement de l’angoisse devant la mort, et optimisme qui permet de se lancer dans des projets de longue haleine en imaginant qu’ils sont soutenus par quelque sorte de protection divine.
À ce niveau, morale sociale et religion sociale sont des instincts grégaires perfectionnés.
2 : le génie moral,Socrate, Bouddha, Jésus
La seconde source de morale n’était pas prévue par la Nature, elle appartient au mouvement par lequel l’élan vital se dépasse lui-même, dans la conscience. À tel point que la source
dynamique de la morale et de la religion est le plus souvent en conflit avec les morales statiques et les religions statiques : dans sa puissance d’intuition et de nouveauté, le génie moral remet en cause l’équilibre social, biologiquement inscrit dans notre espèce. Il crée du neuf.
Cette morale dépasse l’ancienne en renouvelant sa signification, en la transposant, d’une morale close, sociale, à une morale ouverte, éventant de nouvelles possibilités pour la conscience humaine. L> Modèle en est le Sermon sur la Montagne, où Jésus dévoile un nouvelle morale qui accomplit la Loi en la dépassant.
Comme l’artiste ou le philosophe, le créateur de morale est un génie de la volonté et non de l’intelligence. Une forme particulièrement de kystique, capable, parce qu’il est plus proche de l’élan vit d’étendre son souci à l’ensemble de l’humanité, en dépassant tous forme sociale donnée. Donc un mystique révolutionnaire, par définition.
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