La finitude du sujet agissant
L’idée kantienne d’une théodicée authentique peut être avantageusement opposée, en ce sens, a l’achèvement hégélien et au refoulement nietzschéen de la théodicée dans sa forme traditionnelle. Elle montre qu’il est également impossible de résoudre et de supprimer le problème du mal. Mieux : en laissant ouverte la question de la justification, elle laisse ouverte aussi une histoire dont elle dessine l’horizon mais dont elle remet les chances de progrès entre les mains des hommes : à eux d’inscrire leurs actions dans cet horizon ou d’ignorer au contraire l’exigence infinie qui le révèle à la conscience de chacun.
Mais n’y a-t-il pas quelque incohérence à réduire d’un côté bien et mal à des possibilités dont la réalisation dépend de nous, et à reconnaître d’un autre côté un « mal d’injustice » dont la suppression ne dépend pas de nous ? Cette injustice met en question la primauté du mal moral. Mlle montre aussi l’insuffisance d’une religion réduite elle-même au «culte moral de Dieu » (comme l’est en droit, selon Kant, une religion maintenue « dans les limites de la simple raison »). Au moins aurait-elle du interdire au père de la philosophie critique de chercher dans le Livre de Job l’expression allégorique de ce qu’il appelle la « théodicée authentique ».Kant