La conscience:conscience et représentation
Je pense et je suis ; mais pour autant je n’ai pour l’instant aucun moyen de savoir si ce que je pense correspond bien à la réalité. Je ne sais même pas si je suis ce que pense être. Je ne suis à présent qu’une conscience, c’est-à-dire un sujet doté de cette essentielle capacité de se représenter et d’imaginer des choses.
Il convient de s’arrêter sur cette singulière situation et de comprendre à quel point elle peut être source d’illusion. Nous ne voyons jamais directement la réalité mais uniquement et toujours des représentations projetées sur l’écran de nos consciences. Et ces projections sont perturbées et influencées par un nombre d’éléments et de faits incalculables : souvenirs, émotions, affectivité, opinions, préjugés, milieu social, éducation…, auxquels on peut rajouter l’imperfection de chacun des sens censés nous apporter des informations, et, pour ceux qui y croient, l’hypothèse de l’inconscient. Ce mélange d’éléments, de faits et d’hypothèses constitue la subjectivité propre à chaque conscience
L’illusion la plus dangereuse et répandue est l’égocentrisme que rend possible la subjectivité des consciences. Cela consiste à confondre sa position et sa situation : ce n’est pas parce que je suis au centre de mes représentations du monde (puisque c’est ma conscience qui les constitue) que pour autant le monde tourne autour de moi. Et ils sont nombreux ceux et celles qui déçus, trahis ou effrayés par la réalité, aimeraient qu’elle soit ou devienne comme ils la voulaient. Le déni et la mauvaise foi, les attitudes de fuite ou au contraire de toute puissance accompagnent bien souvent et malheureusement la subjectivité des consciences qui se prend parfois même au jeu du fantasme de l’omniscience.
Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral, 1873
« La conscience, en tant que moyen de conservation de l’individu, déploie ses principales forces dans le travestissement ; car c’est le moyen par lequel se maintiennent les individus plus faibles, moins robustes, qui ne peuvent pas se permettre de lutter pour l’existence à coups de cornes ou avec la mâchoire affilée des bêtes de proie. C’est chez l’homme que cet art du travestissement atteint son sommet : illusion, flagornerie, mensonge et tromperie, commérage, parade, éclat d’emprunt, masques, convention hypocrite, comédie donnée aux autres et à soi-même, bref le sempiternel voltigement autour de cette flamme unique : la vanité tout cela impose si bien sa règle et sa loi que presque rien n’est plus inconcevable que la naissance parmi les hommes d’un pur et noble instinct de vente. Ils sont profondément immergés dans des illusions et des images de rêve leur œil ne fait que glisser vaguement à la surface des choses et voit des formes », leur sensation ne conduit nulle part à la vente, mais se contente de recevoir des excitations et de pianoter pour ainsi dire à l’aveuglette sur le dos des choses.
C’est contre ces illusions et assombrissements de la conscience (dont le paroxysme en société s’appelle obscurantisme) que lutte la philosophie, a philosophie est d’abord une lutte contre toute forme d’occultation des consciences et donc une lutte contre l’opinion, les superstitions et toutes les illusions fondees sur l’égocentrismeSOn comprend alors autrement la emarche de Descartes (et de la philosophie en général) : s’affirmer, exister par soi-meme, c est aussi nier le reste et aussi et surtout ce qui semblait le plus commun et le plus evident ; car il est si facile en tant qu’être conscient d utiliser ou de se laisser berner par « l’art du travestissement ».
La philosophie est en ce sens et fondamentalement une tentative de prise de conscience éclairée de la réalité, et cette prise de conscience change profondément le sujet qui l’effectue, et lui permet d’affirmer son identité.
Vidéo : La conscience:conscience et représentation
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La conscience:conscience et représentation
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