Platon L’âme et le corps
L’homme c’est l’âme
Dans l’être que nous sommes nous-mêmes se manifeste la distinction du sensible et de l’intelligible : nous ne sommes réellement ni ce poil de barbe ni cette oreille, ni cette main ni cet intestin, nous nous servons de notre corps, nous avons un corps mais nous ne le sommes pas.
Tout simplement parce que pour Platon la vraie existence est du côté des intelligibles, dont les êtres sensibles ne sont que des reflets, provisoires et trompeurs. Ma vraie existence est intelligible, c’est celle de mon âme, et pas matérielle (mon corps).
L’homme, c’est l’âme, affirme Platon. Nous sommes une âme provisoirement liée à un corps, une âme qui a existé avant ce corps et qui existera après.
Avoir souci de son âme
Application : le souci de soi, la recherche de l’excellence humaine, doit être un souci de son âme.
Et parmi les capacités de l’âme, la plus importante sera naturellement celle de la connaissance, qui la met en rapport avec les purs intelligibles, les Idées.
Puisque nous ne sommes pas le corps, alors ses valeurs, les besoins et les désirs qui nous assaillent quotidiennement, ne doivent pas être nos valeurs. Globalement, le plaisir, valeur pour mon corps, est une illusion eu égard à ma vraie nature. Seule la justice et la vérité, valeurs pour mon âme, constituent de vrais biens.
Socrate se réfère souvent à l’inscription qui se trouve à l’entrée du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ! » Elle n’invite pas
tion invite aussi à découvrir son être véritable, selon Platon : l’âme immortelle, pas ce corps transitoire. Le premier souci à prendre de soi est de ne pas se prendre pour son corps.
Mort au corps
Les Grecs divisent la réalité en deux : le divin et Y humain, distinction qui signifie aussi l’invisible et le visible, l’immortel et le mortel. Le partage de l’âme et du corps selon cette distinction ne pose aucun problème : l’âme est en nous ce qui est invisible, divin, immortel. À partir de là, la vie philosophique est un travail pour purifier l’âme des besoins et désirs du corps, et l’excellence humaine, c’est de perfectionner et de purifier ce qu’il y a en nous de divin et d’immortel, notre âme.
Et le corps ? Il est ce qu’il y a en nous de terrestre, de bas, de mortel, et qui tire vers le bas notre âme.
Un jeu de mot résume la situation : le corps (sôma) est notre tombe (sêma), pire encore qu’une prison, l’autre image qu’utilise Platon. La vie du corps n’est pas la vraie vie, au contraire c’est pour l’âme une tombe.
Que faire alors de notre corps ? Il faut commencer par le dresser, comme on dresse un mauvais cheval. Mais l’essentiel est de s’en détacher. C’est ainsi seulement, en se détachant des fausses connaissances et des désirs du corps, que l’âme se purifie, qu’elle peut atteindre à la fois la vérité et la justice.
Dans un monde grec où pourtant les plaisirs de la vie, y compris le vin et le sexe, étaient au centre de la vie, la philosophie est devenue l’ennemie implacable du corps. Ajoutez quelques siècles plus tard l’arrivée du christianisme, et c’est parti pour deux millénaires d’abstinence.
Vidéo : L’âme et le corps
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