Leibniz Intégrer et réconcilier
Leibniz pense un monde infiniment varié, où chaque être est absolument singulier, se définit par sa singularité son autonomie métaphysique, et en même temps un monde parfaite« ment harmonieux, harmonique même, où chaque être a sa place, sa fonction, sa valeur, et contribue au bien général. Quel malheur s’il avait oublié de réfléchir sur le politique !
Réconcilier les peuples
Mieux que personne, Leibniz définit l’intelligence comme la capacité d’intégrer et de synthétiser. Dans son siècle, au tournant du XVIIe et du XVIIIe, il a du travail.
Réconcilier entre eux les différents États allemands, voilà déjà une tâche immense. Après la guerre deTrente Ans, l’Allemagne a perdu plus de la moitié de sa population, elle est divisée en trois centaines de micro-États souverains et elle sert de champ de bataille à tous ses voisins.
Leibniz déploie une intense activité diplomatique au service des princes qu’il conseille. Il s’efforce en particulier de démontrer, historiquement et juridiquement, les droits des États, pour régler les querelles par le droit et non la force. Il propose des solutions fédéralistes qui éviteraient les guerres perpétuelles et les retournements d’alliances qui les déclenchent.
Le droit lui-même doit être formalisé, affirme-t-il, pour être démonstratif, il doit se réduire à un calcul qui prend en compte tous les paramètres et intègre toutes les lois, au lieu que la justice soit soumise aux caprices, préjugés et incompétences de ceux qui la rendent.
Réconcilier les religions
Réconcilier entre elles toutes les Églises issues de la Réforme (luthériens, calviniste,et bien d’autres),puis se rapproche du catholicisme,voilà une autre tâche immense. Leibniz y travaille aussi sans relâche par une correspondance avec tous les théologiens de l’Europe .
Il est d’origine protestante mais il manifeste une incontestable sympathie pour la théologie catholique. Sa logique est celle de s/ Galénisme, pas des schismes. Par exemple, la nouvelle philoso- de la substance qu’il propose permet de rendre compte des mystères catholiques que refusent les protestants, notamment la Transsubstantiation (le pain et le vin consacrés deviennent le corps et le sang du Christ).
Réconcilier les pensées
Pour Leibniz, diplomate de profession, la supériorité de pensée n’est pas une supériorité dogmatique et polémique, qui fait triompher un point de vue original ou paradoxal en humiliant ses contradicteurs. La pensée supérieure est pour lui, au contraire, conciliatrice, synthétique, pacificatrice. Leibniz invente un mode de lecture des philosophes qui triomphera dans l’université allemande du XIXe siècle : lorsqu’on comprend comme il se doit un auteur, un scolastique par exemple, on comprend en quel sens il a raison, on parvient à se placer à son point de vue sur la vérité.
Aucune pensée n’est à mépriser ni à rejeter, toutes sont à comprendre et à intégrer à un point de vue de tous les points de vue.
Calculons calmement la vérité
Le projet leibnizien d’une langue des concepts qui réduirait les raisonnements à un calcul est finalement la recherche d’un moyen de paix.
Ne vous battez pas, interrompt Leibniz, réglez toute querelle par une analyse des données du problème qui sera d’une parfaite objectivité et calculez la solution. « Asseyons-nous sous un arbre et calculons », diront un jour ceux qui ne sont pas d’accord.