Hommes et femmes, corps et âmes : Santé
Comme l’éducation, la situation sanitaire pâtit [constate F. Moser], dans des ans entiers du tiers-monde, de choix budgétaires aussi injustes qu’absurdes, ne posés par les programmes d’ajustement structurel. Les indéniables progrès réalisés au cours des dernières années risquent eux-mêmes d’être remis en ques- on. Les budgets de la santé, souvent rognés, demeurent trop faibles, Pour îémoire, le droit à la santé est inscrit dans la Déclaration universelle des droits e l’homme, et celui pour tout être humain de n’être point soumis à la faim a été roc lamé “inaliénable” à l’occasion de la Conférence internationale sur la nutrition, en 1974.
L’état de la santé dans le tiers-monde, en effet, est édifiant. Chaque année, uelque 17 millions de personnes meurent de maladies infectieuses ou parasitaires, telles que le paludisme ou les maladies diarrhéiques, et environ 850 millions de personnes, soit près d’un habitant de la planète sur six, n’aurait pas un accès suffisant à la nourriture, ni en qualité ni en quantité.
La pandémie de choléra, maladie des “mains sales”, cristallise parfaitement cette évolution. Combien de personnes meurent encore des conséquences de la malnutrition et de maladies parfaitement connues et curables…»
Au nombre des maladies aisément curables et qui pourtant sont en recrudescence dans le monde, avec des intensités variables selon les zones, la tuberculose occupe une bonne place. Quasi disparue de la mémoire collective, cette maladie du xixc siècle — semblait-il — est probablement celle qui, de nos jours, tue le plus à partir d’un agent pathogène unique et elle fait un retour en force, ce qui est fort symptomatique puisqu’il s’agit d’une maladie étroitement liée à la pauvreté. La tuberculose est non seulement toujours active mais plus menaçante que jamais. Encore le 26 mai 1998, l’OMS annonçait que l’épidémie de tuberculose flambait à l’échelle planétaire. L’extension de l’épidémie a été très accélérée par l’irruption du Sida, qui, diminuant progressivement les capacités immunitaires des malades, les rend plus vulnérables à l’infection et leur permet de disséminer les bacilles. « Au moins dans les pays occidentaux, on croyait [la maladie] éradiquée. Or sa régression, dans les pays économiquement développés, continue depuis le début du siècle, a marqué un arrêt au milieu des années 80. Les raisons en sont multiples : Sida, augmentation du paupérisme, marginalisation de franges sans cesse croissantes de la population et présence élevée d’immigrants provenant de régions où la prévalence est forte. Dans la plupart des pays européens, principalement dans le Sud, cette recrudescence de la tuberculose ne laisse pas d’inquiéter les milieux médicaux.
Les pays en voie de développement, où la prévalence est encore très élevée, ne peuvent supporter à eux seuls le poids de la lutte contre la tuberculose. L’OMS ne mâche pas ses mots : 1 700 millions de personnes — un tiers de la population mondiale — sont porteuses du bacille. Chaque année, de par le monde, 8 millions de gens développent la maladie et 3 millions en meurent, dont 95 % dans les pays du Sud. Et l’OMS s’attend à 30 millions de décès dans les dix prochaines années. En Afrique subsaharienne, où les conflits, les famines, la pandémie de Sida, la déliquescence des Etats, l’étiolement des politiques de soins et les grands déplacements de population offrent un terreau fertile, la tuberculose a tué 493 000 personnes en 1992.
En ce qui concerne le Sida, les chiffres sont éloquents. En 1992, il y avait entre 10 et 12 millions de personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) dans le monde, dont 4 millions de co-infectés par le bacille de Koch. Or, sur 650 millions d’Africains, on estime que 171 millions sont infectés par le bacille et 2,8 millions par le “couple maudit” (VIH-BK), selon la formule de l’épidémiologiste français Jacques Chrétien. En Asie, les spécialistes craignent d’éventuelles épidémies de “doubles infections” (VIH-BK). Des pays comme la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge — déjà sévèrement touchés par le Sida —, de même que l’Inde et, en Chine, le Tibet, connaissent des incidences très élevées. Et les épidémiologistes s’accordent pour considérer l’Asie comme une véritable “bombe à retardement”. »
La pandémie de Sida progresse de manière très inquiétante, mais elle recule à partir de 1995 dans les pays industrialisés, sous l’effet conjoint des progrès enregistrés en matière de prévention et de traitement.
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