Philosophie et histoire de la philosophie: La philosophie contemporaine est-elle instantanée?
Les études de philosophie, du moins en France, comprennent une part importante d’histoire de la philosophie. Cela vaut déjà dans l’enseignement de la philosophie des classes terminales du lycée. S’il n’est certes pas prévu d’y enseigner pour elle-même l’histoire de la philosophie, en ne faisant que cela, certains prétendent ne pas le faire du tout. Car les notions sont la plupart du temps étudiées avec des références à des «auteurs», ceux du programme, et quelques autres. La lecture des philosophes d’un passé lointain ou récent y a la plus grande place. En revanche, les philosophes contemporains ont peu de place, quand ils ne sont pas ignorés. Dans les universités ou dans les classes préparatoires, le renvoi à des philosophes du passé est de même systématique. Mais quelle relation la philosophie doit-elle entretenir avec son passé? Va-t-il de soi que l’histoire de la philosophie mérite cette place de choix dans l’enseignement de la philosophie ?
La multiplicité de l’historiographie philosophique – des façons dont on conçoit l’histoire de la philosophie – n’est pas réductible à une interrogation méthodologique sur la seule histoire de la philosophie. Car cette multiplicité, on le verra, permet d’éclairer de multiples aspects de la philosophie contemporaine, et pas seulement son rapport à l’histoire de la philosophie. Le choix d’une historiographie particulière est étroitement lié à l’idée qu’on se fait de la philosophie. Dès lors, une interrogation sur le lien entre histoire de la philosophie et philosophie ne nous éloigne en rien de l’étude de la philosophie contemporaine, de ses enjeux et de ses clivages. Cette interrogation nous permet de poursuivre notre réflexion métaphilosophique sur la philosophie contemporaine, commencée dans le premier chapitre, en examinant comment les philosophes du xxesiècle ont pensé leur relation aux philosophes du passé.