Nietzsche Les troupeaux humains
L’homme devenu animal domestique
Pour Nietzsche, la civilisation a pour fonction de domestiquer le fauve humain, c’est-à-dire de le dénaturer, [homme est donc un anird malade, malade de lui-même. Croyant se hisser à l’humanité, ¡|S retombe au plus bas niveau, celui du bétail, de la bête de troupeafl
Petit mari, petit employé, petit joueur, une petite vie de petit» bonheurs. Celle d’un bovin d’élevage, pour le bon bourgeois dd XIXe siècle, avec au XXe siècle une option élevage industriel J supprime la vie au grand air et limite la liberté de mouvement. C’est] à peine une image chez Nietzsche : les humains vivent en troupeau,] pensent et évaluent selon les critères du troupeau.
Culpabiliser pour dominer
Les analyses de Nietzsche sur la culpabilité constituent une leçon magistrale de psychologie, de morale, de politique.
Comment l’homme est-il devenu domestique ? Le moyen le plus sûr de dominer quelqu’un, de le manipuler, de le domestiquer, et d’en tirer j aussi quelque plaisir en le faisant souffrir, c’est de le culpabiliser.Tu es laid, méchant, coupable, inintel- ! ligent… essaie de te rattraper, imbécile! Donc: obéis, travaille« « améliore-toi », mais s’améliorerve ut dire obéir et rien de plus dans] ce cas.
Nietzsche nous fait comprendre à quel point la nature humaine offre! une grande vulnérabilité à la culpabilisation, à l’auto-culpabilisation.; C’est notre maladie humaine. C’est par là que nous nous faisons avoir. Si nous refusions d’intérioriser la culpabilité que les autres nous transmettent nous ne serions plus dominés, asservis, domesti’ ni lés nar eux.
La mauvaise conscience
jCj encore une histoire terriblement parlante. Les agneaux trouvent ^chants » les oiseaux de proie qui les dévorent, et ils appellent , bon » ce clu‘ es* exactement Ie contraire d’un oiseau de proie, c’est- à-dire un agneau, qui ne peut faire autrement que de se laisser dévorer et pourtant prétend y voir une « valeur ». Ils se félicitent de ieUr « mérite », acquis en se laissant dévorer, et ils sont toujours prêts àfaire honte à l’oiseau de proie de sa « faiblesse », de son manque de agonté et de liberté, qui le rend si méchant. Heureusement, les oiseaux de proie n’ont aucune raison de se laisser pervertir par cette morale des agneaux, et Nietzsche leur fait répondre : nous ne sommes pas méchants, nous aimons bien ces agneaux, rien de meilleur que la chair d’un agneau ! Pour résister à la morale, voilà comme il faut être sûr de soi et cyniquement ironique.
Mais nous en sommes loin, parce que l’intériorisation de la culpabilité est la maladie de notre civilisation. D’où la valorisation malsaine de la souffrance « acceptée », de la faiblesse « acceptée », la glorifica- Hfe l’échec et de l’impuissance, le masochisme moral.
La vraie cruauté
La morale des faibles construit lentement son règne en imposant l’idée de la personne humaine, une personne responsable de ses actes, comptable de son passé et de son avenir. La morale devient alors un problème d’épicerie, de petite ardoise à régler, dans cette vie ou dans l autre.
Ce n’est pas seulement mesquin, c’est cruel. Car on comprend que la colère pousse un individu à infliger à un autre de la souffrance, c est sain. Rien à voir avec cette autre souffrance infligée à froid par la m°rale et la religion, pour « compenser » une « faute » : vengeance de faible, malsaine, sadique. Nietzsche va même plus loin : la cruauté était la distraction favorite des hommes primitifs, mais c’était une Méchanceté gratuite, innocente. Au contraire, le châtiment dans sa détention de justice est une perversion, un avilissement des instincts de cruauté.
Vidéo : Les troupeaux humains
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les troupeaux humains
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