Leibniz La liberté prédéterminée
L’état du problème
À l’apogée de la métaphysique classique, Leibniz pense une synthèsJ audacieuse des deux exigences presque contradictoires dans théorie de la liberté :
.La spontanéité de l’action libre, qui résulte d’un choix, dans une!vraie situation de choix où le contraire aurait pu être choisi.
. La cohérence de l’acteur libre, qui n’est pas une boussole affolée faisant n’importe quoi, donc irresponsable, mais un être responsable conscient, capable d’assumer ses actions, et qui porte en < lui les raisons de son action.
Ou plus simplement: il faut quel l’action libre ait des raisons et qu’elle ] n’ait pas de raisons.
Le fond du problème
À la rigueur métaphysique, selon une belle expression de Leibniz, il n’y a pas de problème pour établir la liberté, au contraire, puisque chaque substance ou « monade » est parfaitement autonome dans le déroulement de ses états, et chacun de ses états est en réalité une action autonome qui dérive directement de son essence. Chaque monade est sa propre loi (c’est le sens étymologique de l’auto-nomie), donc parfaitement libre dans l’absolu. Il y a plutôt trop de liberté dans l’univers que pas assez.
Mais la liberté de l’homme réclame une signification plus précise, par sa dimension morale et psychologique, et aussi par sa dimension religieuse : suis-je libre d’agir bien ou mal ? Mon salut ou ma damnation sont-ils prédéterminés ?
Le contingent prédéterminé
Chaque monade, donc chaque personne humaine aussi, possède une notion individuelle,accessible a dieu seul ,qui contient chacun des évènements de son existence et même plus,qui contient la raison (au sens mathématique de l’équation) de leur série, de leur enchainement. En un sens donc toutes les décisions et actions d’un sont prédéterminées pour Dieu (et par Dieu).
Mais ces actions ne sont en rien nécessaires, au sens précis du terme,c’est-a -dire que leur contraire n’implique pas de contradiction (Judas auraVpu ne pas trahir, il n’y aurait pas eu de contradiction logique). Pourtant ces événements contingents (nomnécessaires) de l’existence constituent l’essence même de la personne, définissent son équation personnelle. Judas devait trahir. Pour être Judas.
César et le Rubicon
En franchissant le fleuve Rubicon avec ses armées, César violait la loi de Rome et marchait sur la ville en commençant un coup d’État. A-t- il librement choisi de le faire ? Oui. Cela signifie-t-il que Dieu ne pouvait pas le prévoir ? Non, Dieu savait de toute éternité que César allait franchir le Rubicon tel jour, il sait tout de César en le lisant dans l’équation personnelle de César, sa « notion » qui constitue l’essence de sa personne.
Était-il alors nécessaire que César franchisse le Rubicon ? Non, pas du tout, Dieu aurait pu créer un monde dans lequel César serait resté soumis aux lois de Rome, ou aurait été tué par les Gaulois… Mais ce ne serait pas notre monde réel, et, surtout, ce ne serait pas César, Jules, le vrai, l’unique.
Voilà l’argument : si César n’avait pas franchi le Rubicon pour marcher sur Rome, il n’aurait pas été César, juste un homonyme dans Ur> autre monde que le nôtre.
Donc ce qui « oblige » César à franchir le Rubicon, c’est qu’il est ésar, c’est son essence, sa nature, son existence comme personne. et événement est libre parce qu’il n’a pour cause que l’essence de la Personne; et il est prédéterminé parce qu’un Dieu qui connaît essence de la personne peut le prévoir
Vidéo : La liberté prédéterminée
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