Platon Le réalisme antique
La théorie des Idées, ça ne marche pas
J’aime Platon, affirme Aristote, mais j’aime encore plus la vérité.
Or les Idées imaginées par Platon pour expliquer les propriétés des objets sensibles (l’idée de Beauté pour expliquer les choses belles par exemple) ne servent à rien, si on y réfléchit en se demandant : l’idée est-elle présente dans la chose ou est-elle une entité réellement transcendante ? Si c’est une entité réellement transcendante, éternelle, elle ne peut avoir aucune fonction dans l’objet sensible changeant qu’elle est supposée expliquer — ce n’est pas en construisant un autre monde qu’on va expliquer celui-la si,a l’opposé,l’idée est présente dans l’objet sensible ,elle n’est plus une réalité intelligible séparée , étudions donc l’objet sensible lui-même et nous trouverons tout ce qui y est présent et qui l’explique,sans savoir besoin de le transformer en idée éternelle
En prenant ainsi le contre-pied de l’idéalisme de Platon, Aristote fonde un réalisme.
Observons la Nature
Aucun menuisier n’a jamais fabriqué de lit en contemplant l’idée du Lit en soi, mais en observant quelques lits, aucun sculpteur ne travaille en fixant la Beauté en soi, mais tel ou tel modèle. Ce n’est pas dans l’idée de Mulet qu’on observe sa stérilité.
Observer la nature semble la seule méthode pour comprendre les êtres vivants et pour étudier ce que nous appelons « physique » (les transformations des corps, les événements du monde matériel). Mais en matière de morale et de politique, en matière de valeurs, nous pensons qu’il faut partir de principes, et pas tirer ses principes de la réalité. Aris- tote, lui, reste fidèle à son orientation de base : les pratiques morales effectives, les opinions et les actions politiques effectives, constituent une « expérience », des données d’expérience, qu’il faut rassembler, classer, cataloguer, pour en dégager des principes.
Toujours et partout c’est en partant de la réalité, d’une exploration méthodique de la réalité, que nous pouvons remonter à des principes.
H ne faut donc pas confondre chez Aristote :
1- sa théorie de la théorie parfaite, celle qui expose un système en le déduisant de principes et de définitions, comme en mathématiques,
2- le travail de recherche des connaissances, dans tous les domaines où la réalité ne nous livre pas directement ses principes, c’est-à-dire… presque tous les domaines.
Chercher à comprendre et avoir une théorie parfaite sont deux choses
différentes.