Platon Les vertus humaines
La faute morale est une erreur intellectuelle
On appelle souvent axiome socratique, en morale, le point de départ de Socrate : « Nul n’est mauvais volontairement ». Ce qui signifie que chacun fait ce qu’il croit être le bien — le bien en soi ou le bien pour
lui, le problème n’est pas là. Donc lorsqu’une action a été mauvaise, c’est que son auteur a commis une erreur : il a cru que c’était cela le bien (par exemple : profiter de l’occasion pour voler sans se faire prendre), mais ce n est pas vrai, il lui manque une connaissance, un savoir, qu’on peut lui enseigner (il ne faut pas voler même si on pense ne pas être pris).
À première vue, il y a beaucoup d’avantages à voir les choses ainsi : la sagesse morale est une connaissance, la morale peut être enseignée, le progrès moral est accessible, le vrai et le bien coïncident parfaitement. Mal agir c’est mal connaître, donc mieux connaître permettra de mieux agir.
Tout le monde sait, pourtant, que ce n’est pas si simple. Si la vertu est un savoir comment se fait-il qu’en pratique elle ne s’enseigne pas, ou si mal ?
La faute morale est une maladie
Pour expliquer la fréquence du mal et sa résistance, Platon utilise une image qui fait référence, au point qu’on ne se rend même plus compte que c’est une image : la « santé morale ». Nous savons ce qu’est la santé du corps, concevons la morale comme une santé de l’âme.
Donc les fautes morales sont des maladies, l’âme moralement faible est malade.
Cette image médicale présente cependant des dangers : pour soigner un malade, il faut parfois lui imposer des thérapies douloureuses, « pour son bien » comme on dit, et au nom d’un savoir médical superieur.Mais pas sur du tout qu’on doive faire de même dans le domaine moral,ou politique
Pour Platon, cependant, la distinction entre l’âme, que nous sommes véritablement, et le corps, où notre âme est provisoirement pris™ niere, permet de parler dune mauvaise santé de l’âme dont le coins serait responsable. Cela deviendra même l’analyse classique de la passion, ce que notre âme subit mais ne veut pas.
Léontios voyeur
Car il y a en l’homme un combat féroce entre le haut et le bas. Léontios, raconte Platon, tombe par hasard sur des cadavres que le bourreau avaient étendus par terre. Son âme résiste au désir malsain de les regarder, parce qu’il en a honte, mais c’est une lutte, et l’âme perd. Léontios finit par se planter devant les cadavres en hurlant : «Voilà, mes yeux, ce que vous voulez voir, maudits ! Régalez-vous ! »
Cette façon d’interpréter la faute morale soulève encore bien des problèmes. Léontios est-il moralement coupable ou non (puisque « lui », c’est-à-dire son âme, ne voulait pas…)? Peut-on piquer une crise de colère contre ses yeux pour résoudre un problème moral ?
L’harmonie des excellences
Pour Platon, la nature humaine est formée de trois composantes, dont la hiérarchie est claire, et qui ont chacune leur forme d’excellence :
1. la fonction rationnelle, capable de connaître la justice et la vérité, dont l’excellence est la sagesse,
2. l’énergie passionnelle, capable du pire comme du meilleur, dont l’excellence est la soumission à la raison,
3- les désirs, pluriels et aveugles, dont l’excellence, si on peut dire, est la modération.
L’accord entre les trois parties de notre être constitue l’âme juste, et il doit être compris comme un accord musical, une harmonie. Ce qui fait que la vertu platonicienne centrale est finalement la tempérance : maîtrise de soi, équilibre entre les fonctions de l’âme, c’est-à-dire gestion par la raison des besoins et des désirs.
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