Platon Philosophe contre sophiste
Profession rhéteur
La Cité accorde une importance primordiale à l’éducation, qui prépare au métier d’homme et de citoyen. Pour remplir cette fonction existent de nombreux « pédagogues » et tout au sommet de la hiérarchie se trouvent les sophistes (de Sophia, la sagesse), payés à prix d’or par les Cités qu’ils honorent de leur présence et les élèves qu’ils honorent de leur enseignement.
L’enseignement des sophistes repose sur la rhétorique, c’est-à-dire la technique de parole destinée à convaincre. C’est l’essentiel dans la Cité grecque, notamment dans le domaine le plus important : la politique. L’essentiel est de prendre la parole dans l’assemblée et de convaincre, d’emporter la décision.
La philosophie, en la personne de Socrate, conteste deux fondements de cette activité des « rhéteurs ». La philosophie affirme que :
1. La sagesse doit être conquise par chacun pour lui-même et ne s’enseigne pas directement comme une doctrine, ni comme une technique de discours.
2. La rhétorique agit par séduction, non par raison. Elle exerce une action subjective sur les esprits, elle n’est qu’une technique de propagande, elle ne vise pas cet être objectif qu’est la vérité.
Sophiste = facho
L’opposition de la philosophie et de la sophistique ne se limite pas à cette opposition de principe. La philosophie conteste le contenu, cynique, de l’enseignement des sophistes.
Avec un extraordinaire talent d’écrivain, Platon donne la parole à de grands sophistes de son temps, qui défendent les valeurs d’une aristocratie sûre d’elle.
Pour la plupart d’entre eux.le pouvoir est une affaire de force et le bonheur est une affaire de plaisirs.
la justice, la vérité, la raison…, les sophistes prétendent « dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ».
La justice est une fausse valeur, enseignent les sophistes, tout le monde sait que commettre l’injustice sans se faire prendre est une excellente chose. Ce qui est bon, sain et naturel, c’est l’exercice libre de sa propre force. Que les gros poissons mangent les petits, sans que les petits fassent honte au gros. Car la fausse valeur de l’injustice vient du fait que les faibles sont plus nombreux que les forts et imposent les valeurs qui les arrangent. La loi pervertit les vraies valeurs de la nature, et dans cette affaire la démocratie est pire que tout.
Sophiste = jouisseur
Cette liberté du fort s’applique au domaine moral tout autant qu’au domaine politique.
La vraie vie, l’excellence humaine, c’est de laisser libre cours à ses passions, de les vivre pleinement, de rechercher toujours et partout le plaisir et sa maximalisation, et de ne pas se laisser brider par les faibles et leurs fausses valeurs. Le vrai bonheur c’est le plaisir sans entraves.
Le combat de l’invraisemblable
Sur le fond comme sur la forme, le philosophe a toutes les raisons de perdre contre les sophistes, la mort de Socrate le confirme. Devant ceux qui ne savent pas, celui qui ne sait pas sera toujours plus convaincant que ceux qui savent. Il parle le même langage, ou plutôt il fait semblant, il sait ce qu’il faut dire pour convaincre.
La vérité philosophique, elle, n’est pas vraisemblable, pense Platon. Le combat philosophique a donc en lui quelque chose de tragique, lorsqu’il essaie d’imposer l’invraisemblable vérité contre des affirmations dogmatiques, et particulièrement lorsque ces dogmes en place servent les intérêts et les pouvoirs en place.
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