Platon L'exigence de vérité et de beauté
Exigences et intuitions
La culture grecque repose sur des exigences qui nous ont valu, en matière de vérité, les mathématiques d’Euclide, Thalès…, et en matière de beauté les temples, statues, tragédies… Platon défend jusqu’au bout ces exigences.
Ce faisant, Platon reprend et développe une intuition profondément grecque : le monde, le cosmos, est un être vivant, parfaitement ordonné et parfaitement beau, animé par un foyer de vérité éternelle (animé au sens propre : le monde a une âme). Les humains sont liés à cet ordre supérieur de la beauté et de la vérité, ils doivent en prendre conscience et essayer d’y être fidèle.
Le défi du relatif
Tout au contraire, la doctrine des sophistes repose sur la thèse de Protagoras : « l’homme est la mesure de toute chose », c’est-à-dire la vérité n’est que ce qui nous apparaît et qui est toujours très relatif. Par exemple le même souffle de vent apparaîtra frais à quelqu’un mais pas
à son voisin, le même miel, sucré pour nous, semblera amer au malade. En même temps ce souffle de vent est et n’est pas frais, le miel est et n’est pas amer : la sensation de chacun en est à chaque fois la mesure.
Contre cette solide position relati- viste, la recherche d’une vérité absolue, et pas relative à une personne donnée à un instant donné, est un véritable défi. Mais Platon le relève parce qu’il veut mettre fin au règne de Vopinion, la forme inférieure du savoir, qui laisse libre jeu à toutes les techniques de manipulation.
Les exigences d’essence
Socrate pose la même question, exaspérante, sur tout : qu’est-ce qu’ilya de commun dans tout ce que vous appelez «juste», «pieux», «beau»…? On lui répond toujours en lui donnant une liste de choses belles ou d’actions justes. Non, ce que je veux saisir c’est ce qui fait que telle chose est belle et telle action est juste. Le problème n’est pas que telle ou telle chose sont DES plaisirs, mais ce qu’est LE plaisir. L’essence du plaisir, du beau, du juste…
La recherche de la sagesse et de l’excellence humaine nous impose au contraire une recherche de la nature absolue du juste, du beau, du vrai…, qui ne peut se satisfaire d’opinions relatives et changeantes.Il y a là un vrai problème, explique Socrate, parce que nous savons nous entendre sur les questions de nombre et de surface, par les mathématiques, sur les questions de taille et de poids, en utilisant des méthodes de mesure et de pesée, etc., mais nous ne savons pas nous entendre sur les choses les plus importantes : la justice, la vérité, la beauté. Donc nous nous contentons de simples opinions pour orienter notre vie.
Avoir véritablement souci de soi, c’est exiger une telle connaissance. Donc ces questions demeurent, même si nous avons été déçus jusque-là par les raisonnements. Ne devenons pas « misologues », ennemis de la raison (logos), comme on peut devenir misanthrope après avoir été déçu par quelqu’un.
La vérité est belle
La pensée de Platon, et toute la philosophie grecque, reposent sur des équations fondamentales qui sont des exigences : le Bien, le Beau et le Vrai sont indissociables, une belle action est une action belle, la vie bonne est la véritable belle vie, la vérité est belle. Le mal est laid, l’erreur est un mal, l’injustice est un mal et une erreur.
Reste à trouver le moyen de le démontrer.
Vidéo : L’exigence de vérité et de beauté
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