La philosophie contemporaine : Quelques définitions: philosophie contemporaine
Philosophie et progrès
Y a-t-il un progrès en philosophie ? Les vérités philosophiques sont-elles comparables aux vérités scientifiques ? Dans le domaine scientifique, les choses semblent en effet plus claires. Pour apprendre, par exemple, la science astronomique, on délaisse les théories passées : ce serait apprendre des erreurs en partie corrigées par les développements modernes de l’astronomie. L’histoire de la science est, en ce sens, selon le mot de Bachelard, l’histoire des erreurs :
S’il en était de même en philosophie, la philosophie contemporaine amenderait les philosophies du passé. Il n’en est rien. La philosophie se présente comme l’effort de la pensée rationnelle pour approfondir les problèmes que posent un certain nombre de questions.
Vous avez dit « problèmes » ?
Par problème, on entend le fait qu’une question puisse recevoir différentes réponses entre lesquelles il convient de trancher par un examen approfondi et réflexif. Un problème philosophique est une question théorique difficile qui n’aboutit pas sur une réponse univoque. La réponse apportée à un problème de mathématique ou à un problème pratique (technique) abolit le problème et d’une manière générale une réponse fait disparaître la question qui l’a suscitée. Tel n’est pas le cas pour les problèmes philosophiques. Ainsi le problème de la Liberté (l’homme est-il libre et en quoi consiste précisément cette liberté ?) est toujours un problème philosophique pertinent pour nous quoi qu’il ait déjà été réfléchi et médité par les philosophes du passé. Leurs réponses nous permettent d’orienter et de nourrir notre propre pensée – et c’est précisément pourquoi ils ne sont pas dépassés.
C’est pourquoi l’étude des questions philosophiques ne peut se couper de l’histoire de la philosophie, c’est-à-dire des différentes manières dont les philosophes du passé ont examiné ces questions. Penser, ce n’est pas apprendre passivement une vérité découverte par un savant, c’est une activité qu’on accomplit soi- même ; mais penser par soi-même, ce n’est pas penser seul. La philosophie implique que l’on se réapproprie par la réflexion les pensées des philosophes qui nous précédèrent. C’est peut-être la raison pour laquelle l’expression de « philosophie contemporaine” semble composée de deux termes contradictoires.
Qu’entend-on par « philosophie contemporaine » ?
La philosophie se présente comme une activité inactuelle. N’est- ce pas en se soustrayant aux urgences du quotidien, en suspendant les préoccupations pratiques et concrètes de la vie sociale et politique, que le philosophe peut se consacrer aux éternelles questions fondamentales, abstraites et spéculatives – Qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-ce que la vérité ? Quelles sont les relations entre l’âme et le corps ? Pouvons-nous être heureux ? – qui font la philosophie… ? Ne sommes-nous pas en droit, pour trouver des éléments de réponse à ces “grandes questions”, de puiser indifféremment dans les œuvres de Platon ou de Husserl sans faire entre elles de différence historique ?
L’expression de “philosophie contemporaine” n’est donc guère pertinente. Il faudrait plutôt parler de “la philosophie”, entendue comme l’ensemble des problématiques, des thèses et des arguments des auteurs du passé que les philosophes actuels sollicitent et se réapproprient. Philosopher reviendrait à étudier les grandes œuvres et les réponses originales que chaque philosophe propose aux mêmes sempiternelles questions. En ce sens, la découverte de la philosophie contemporaine ferait défiler les unes après les autres les réponses des philosophes ayant vécu au XXe siècle aux questions universelles du sens de la vie, du bien et du mal, de la vérité ou du meilleur régime politique, par exemple.
L’histoire de la philosophie
En quel sens alors pouvons-nous parler d’une philosophie du XXe siècle ? Une première réponse donnerait à l’adjectif « contemporain » un sens strictement descriptif. La philosophie contemporaine, de ce point de vue, est l’ensemble des œuvres philosophiques écrites entre 1900 et 2000 ou, dans une acception large, jusqu’à nos jours. On déterminerait ainsi une époque et ipso facto un corpus clos et déterminé. Écrire une histoire de la philosophie contemporaine reviendrait alors à présenter clairement les courants et les œuvres qui se dessinent comme les massifs d’un paysage. C’est incontestablement une dimension de cet ouvrage.
Il faut d’ailleurs reconnaître que la connaissance de l’histoire de la philosophie n’a jamais été ni aussi exhaustive ni aussi précise qu’au XXe siècle. Kant (1724-1804) n’avait qu’une idée vague de l’histoire de la philosophie antique. La philosophie contemporaine apporte indéniablement une connaissance beaucoup plus précise des œuvres du passé. La connaissance de l’histoire de la philosophie ne serait-elle pas alors une des dimensions de la philosophie contemporaine ? De fait, l’activité philosophique est dorénavant solidaire de la perspective historique dans laquelle chaque philosophe se place.
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