Leibniz L’harmonie préétablie
Le problème insoluble de l’action
La notion de substance interdit à la métaphysique classique unJ théorie satisfaisante de l’action entre les objets du monde… ce qui constitue quand même l’essentiel des phénomènes de l’univers et de notre existence. Qu’une substance finie, une masse de matière, puisse « agir » sur une autre, qu’une boule de billard puisse en mouvoir une autre, cela dépasse la compréhension parce que le privilège d’agir sur l’existence des substances semble réservé à Dieu. Serait-ce Dieu qui pousse individuellement chaque boule de billard que je joue, et chaque goutte d’eau de l’océan? Cette théorie existe et s’appelle l’occasionnalisme : Dieu accomplit une action spéciale à l’occasion de chaque action causale dans le monde.
Solution : il n’y a rien à comprendre
À problème fondamental, solution radicale pour Leibniz : aucune substance n’agit jamais sur une autre ni n’est jamais affectée par l’action d’une autre. Dans cette théorie audacieuse de l’harmonie préétablie, un corps n’est jamais poussé que par la force qui est en lui-même.
Rien de réel ne circule ni ne se communique, le monde est une constellation métaphysique d’individus infiniment nombreux et divers,mais une constellation immuable. Les relations entre substances individuelles, par exemple l’action d’un corps sur un autre, n’ont de réalité que mentale, toute relation est un être de raison ou d’imagination. Ainsi, Dieu a préétabli dans l’essence de cette bougie qu’elle s’éteindra lorsque je soufflerai dessus, sans aucune action réelle entre mon souffle et sa flamme(il avait aussi préétabli que je soufflerais a cet instant précis en tel endroit précis).
L’harmonie est l’accord entre des notes différentes, mieux encore entre des mélodies différentes. Infiniment diversifié en êtres autonome déroulent leur propre mélodie individuelle, l’univers leibnizien est aussi infiniment harmonique grâce au calcul préparatoire du Dieu créateur. C’est une perfection de technologie et d’informatique métaphysique. Ou mieux : une musique parfaite.
Les deux horloges
Pour expliquer en particulier la concordance parfaite entre le psychique (la série des états de l’âme) et le physiologique (la série des états du corps), problème classique, Leibniz les compare à deux horloges parfaites dont la marche est exactement simultanée, sans aucune interaction entre les deux ni aucune intervention d’un technicien externe. Mon âme se représente spontanément un ours à l’instant exact où mes yeux perçoivent un ours. Sans aucune intervention de l’ours réel ou de son « image », sans aucune action de communication d’un corps à un autre, ou à une âme.
Le clou, le pied et l’âme
L’âme exprime tout l’univers selon un point de vue tel qu’elle exprime plus distinctement et plus directement certaines monades. Elle exprime tout à fait directement et par une relation privilégiée (via I harmonie bien sûr) les monades du corps auquel elle est liée par I harmonie préétablie. La série Psychique et la série physiologique sont très intimement coordonnées sans être liées réellement et sans action entre l’une et l’autre:si mon âme ressent de la douleur lorsqu’un clou entre dans mon pied,c’est parce que l’ensemble de l’univers est parfaitement accordé par une harmonie préétablie,sans qu’il y ait aucune relation réelle entre le clou,mon pied et mon âme.
Vidéo : L’harmonie préétablie
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’harmonie préétablie