Nietzsche L’Éternel Retour
Et si… ?
La pensée de l’Éternel Retour est pour Nietzsche une intuition fulgi^ rante, par-delà le vrai et le faux, qui n’a rien à voir avec des argument ou des démonstrations.
Son contenu est très simple et pourtant difficile : supposons que toute chose, au lieu de ne se produire qu’une fois dans le temps, sel reproduise une infinité de fois, que le temps repasse une infinité dé fois par les mêmes instants. En serions-nous heureux, ou désespérés ?
Vouloir vraiment c’est vouloir toujours
Lorsqu’un épisode de vie est terminé, une longue phase ou une brève action, peu importe, il arrive qu’on se demande : si c’était à refaire, est-ce que je le referais ? Et est-ce que je voudrais revivre
exactement la même chose exactement de la même manière ? Tout ce qui est petit, tout ce dans quoi nous n’avons pas osé être nous-mêmes, être à fond, nous ne voudrions pas le revivre avec la même médiocrité.
Nous avons pris l’habitude d’être sauvés par le gong, sauvés par cette structure linéaire du temps qui fa|1 que le passé c’est le passé et que» somme toute, je n’ai été méprisable que pendant un petit instant, pouf une fois.
Mais vouloir l’Éternel Retour, le désirer, se sentir capable de l’assumer, c’est démontrer qu’on vit une vraie vie, qu’on vit pleine– ment, et pas faute de mieux.
Un critère moral
Même un comportement ambigu ,une défaillance ou une erreur ,si elles étaient pleinement assumées dans l’idée d’un éternelle retour(Oui! Je commettrais volontairement la même erreur un nombre infini de fois) ne seraient plus des faiblesses, des manquements à l’cceptation de la vie, mais deviendraient des actes créateurs de leur re légitimité, des actes actifs, affirmatifs.
même que la force d’un esprit se mesure à la quantité de vérité est capable de supporter, la force d’une volonté se mesure à sa capacité à vouloir l’Éternel Retour.
Le retour du nouveau
Un raffinement métaphysique : et si l’Éternel Retour n’était pas l’éternel recommencement des mêmes actions, mais le contraire, l’éternel recommencement du changement, du devenir, de l’imprévisible… Si tu veux cela, si tu l’acceptes, affirme Nietzsche, c’est la vie que tu acceptes. Tu es guéri. L’intuition de l’Éternel Retour est pour Nietzsche signe de retour à la santé. Pour ses médecins, hélas, signe de plongée commençante dans la folie.Troubles de la conscience du temps.
Dans cette signification plus abstraite, l’Éternel Retour affirme que c’est le devenir, le changement, qui « est », et non pas un « être » statique, prévisible et logique, comme le supposent les philosophes depuis Socrate. Pouvoir assumer un tel être, c’est encore manifester sa santé morale.
Acquiescer à la vie
Morales et religions, philosophies idéalistes et arts décadents, tout ce que Nietzsche déteste est négateur, négateur de la vie. Par faiblesse, par incapacité à l’affronter. L’Éternel Retour représente exactement le contraire, et constitue donc le point le avancé de la pensée de Nietzsche : pouvoir vouloir l’Éternel retour c’est dire oui à la vie, ne pas la ,r ni la refuser, c’est parvenir à la forme supérieure d’acquiescement a la vie, d’acceptation de la volonté de puissance.