Épistémologies, sciences et philosophie : L'essor des sciences exactes
Au fil des progrès de la science, des sciences particulières se détachent de la philosophie. Ce qui était des parties de la philosophie se constituent en disciplines autonomes. La science physique, la biologie, la psychologie, la sociologie, par exemple, se constituent progressivement en des disciplines distinctes de la philosophie. Ce mouvement commence au XVIIe siècle pour les sciences de la nature, et au XIXe pour les sciences humaines. La spécialisation et la technicité caractérisent dorénavant les différents domaines du savoir : la philosophie se trouve exclue de ses anciennes prétentions à fonder et à rassembler de manière encyclopédique tout le savoir humain.
L’essor des sciences exactes
Revenons brièvement sur l’évolution des différents rapports, historiquement complexes, qui ont existé entre ce que nous appelons aujourd’hui la science et la philosophie. Si par science nous entendons un savoir méthodique et rationnel du monde ou d’une réalité intelligible (comme les mathématiques par exemple), alors la philosophie, au moment où elle apparaît, est la science. Aristote a écrit sur la biologie, la logique, la physique, la métaphysique – l’étude des principes ultimes du savoir et du monde -, la morale, la politique, l’économie… La philosophie des stoïciens comprend une éthique, une physique et une logique. Il n’y a aucune séparation entre ces “sciences” et la philosophie. La philosophie est la somme organisée et réfléchie des connaissances humaines.
Disons ensuite qu’à partir de la modernité apparaît la science moderne, qui est une science expérimentale (s’appuyant sur l’expérience et plus seulement sur la raison). Cette science moderne (la physique de Galilée, de Newton, la chimie de Lavoisier…) s’appuie sur une critique du caractère spéculatif de la philosophie (qu’on rejette comme étant une vaine métaphysique). La philosophie doit abandonner sa prétention à produire des vérités scientifiques et opère une conversion. Elle devient critique, et notamment de la science. C’est finalement un fil rouge qui court tout le siècle. La phénoménologie, l’existentialisme, l’herméneutique proposent de dépasser la réduction de la vérité à la vérité scientifique moderne.
La première moitié du XXe siècle est marquée, d’une part, par de multiples bouleversements dans différentes sciences fondamentales : science physique, biologie, logique et mathématiques, et, d’autre part, par l’apparition d’un néopositivisme : le positivisme logique du Cercle de Vienne. La seconde moitié du XXe siècle prendra acte de ces bouleversements. Elle verra le développement d’une épistémologie au caractère plus modeste et plus historique, qui émerge cependant dès les années trente à partir d’une critique du néo-positivisme. Selon le mot de Bachelard, la philosophie ne fonde plus la science mais :
Au XXe siècle, la biologie est en plein essor: après Mendel ( 1822-1884), dont on redécouvre alors l’importance, Thomas Morgan (1866-1945) pose les bases de la génétique {La Théorie des gènes, 1926) tandis que Watson et Crick mettent en évidence la structure de l’ADN. On prend conscience que l’évolution des espèces procède par discontinuités brusques, (’es découvertes relancent l’épistémologie des phénomènes vitaux.
(« ’est surtout en science physique que des bouleversements importants ont lieu. Avec la théorie de la relativité générale d’Einstein (1879-1955), le développement de la physique ondulatoire (Erwin Schrôdinger, 1887-1961, et Louis de Broglie, 1892-1987) et de la théorie quantique de la matière (Max l’ianck, 1858-1947, Werner Heisenberg, 1901-1976 et Niels Bohr, 1885-1962), la compréhension de la réalité change. En effet, la science physique du XXe siècle, née des efforts de Newton (1643-1727), concevait la réalité matérielle comme une réalité continue et prédictible. La science physique contemporaine fait apparaître l’importance des discontinuités et la difficulté, à certains niveaux de réalité (au niveau atomique) d’une prédiction assurée des phénomènes. Les certitudes du positivisme sont ébranlées. Le « rationalisme » de la science sera soumis à une révision théorique assurée, notamment, par Popper et Bachelard, et, dans un premier temps, par le Cercle de Vienne.
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