La philosophie et son autre : Répondre
Cette question, enfin, comment y répondre ? Non, sans doute, comme on résout un problème, mais pas davantage comme on s’enfonce dans le mystère. La nature de la réponse dépend ici de celle de la question : il n’en est aucune qui n’ait le sens d’une reprise et d’une riposte appropriées à la vie de la personne humaine — aucune non plus qui par elle même suffise à cette reprise et à cette riposte. La création, l’action, la parole et la foi devront être entendues ainsi comme des propositions d’existence dont la pluralité est la loi et dont la seule mesure est notre aptitude à les faire nôtres. Elles correspondront à autant de formes d’une justification dont la souffrance est l’attente et qui devra être comprise elle-même comme une question posée à un Autre.
On peut dire de la solution du problème du mal ce que Wittgenstein dit de la solution du problème de la vie : « c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème ». Il n’y a pas lieu alors de s’étonner que la philosophie cherche ailleurs qu’en elle-même cette solution. Une telle recherche ne signifie pas l’abdication de la raison. Elle est plutôt l’œuvre d’une raison intérieurement ouverte à ce qui n’est pas elle.
C’est pourquoi, si une est la question, multiples sont les réponses. Dans l.i série que composent ces réponses, au sein d’une histoire qu’elles accompagnent ci dont elles s’efforcent tour à tour de contester, d’apprivoiser, de comprendre ou de transcender la violence, la philosophie a sa place. Mais cette place n’est pas la première ni sans doute la mieux établie.Wittgenstein