Wittgenstein Un mystique positiviste
Reprenons…
Le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein, dont le titre est gag, reprend les choses à la base avec cette rigidité positiviste qui est elle aussi à la limite de l’humour : monde est composé de ce qui est cas, des faits élémentaires « sont », c’est-à-dire « sont le ça- Un énoncé atomique décrit l’un d ces faits « atomiques » (élémentai et indécomposable), et cet énono atomique est vrai si le fait atomique décrit est le cas (sinon il est faux) Rien de plus simple.
Tout ce que nous appelons « objet », ou « situation », « théorie »… tout ce que nous utilisons pour parler du monde peut se décomposer en énoncés atomiques vrais ou faux (selon qu’ils renvoient à des faits qui sont ou non le cas). La connaissance ou la pensée consiste en « images » du monde qu’on appelle vraies parce qu’elles sont consti tuées par des énoncés atomiques vrais, en grand nombre. On ne peut pas faire plus simple, plus radicalement simple.
Test pour:avoir un sens
« Comprendre » un énoncé, c’est savoir ce qui est le cas dans le monde lorsque cet énoncé est vrai, et en particulier le savoir par diffé rence de ce qui serait le cas si cet énoncé n’était pas vrai. Ce savoir constitue la signification de l’énoncé, sa valeur d’information sur le réel. Exemple : je comprends le sens de l’énoncé « il reste des bières dans le réfrigérateur » en sachant que si j’y vais je pourrais boire une bière, par opposition à la situation qui serait le cas si l’énoncé suivant était vrai : « il n’y a plus de bières dans le réfrigérateur ».
D’où un critère sémantique (sur la signification) surpuissant. Première application : si ce qui est le cas dans le monde est identique lorsque sont vrais deux énoncés E et E’, alors ils ont la même signification. Exemple : « cette fenêtre est ouverte » et « this window is I open ».
Test pour : n’avoir aucun sens
Application suivante, la définition de ce qui n’a aucune signification : I ce sont les énoncés tels que nous ne savons pas dire ce qui change [ dans le monde lorsqu’il sont vrais ou faux. Lorsque nous ne savons I pas dire « où » et en quoi le monde serait différent si tel énoncé X que I nous tenons pour vrai était faux, ou le contraire, c’est que nous ne I comprenons pas ce que nous voulons dire dans cet énoncé X, il n’a pas de signification pour nous. C’est fréquent, affirme Wittgenstein, surtout chez les philosophes.
[ Exemple « il existe une substance unique », « il existe une infinité de substances », « le réel est rationnel ». Je suppose vrai l’énoncé « l’homme est fondamentalement bon », et je m’en sers pour expliquer la réalité, avec tous les aménagements nécessaires. En y réfléchissant, je m’aperçois que si je supposais vrai l’énoncé « l’homme est fondamentalement mauvais », je pourrais aussi expliquer toute la réalité, avec d’autres aménagements nécessaires bien sûr. Je viens de démontrer que les expressions « fondamentalement bon » et « fondamentalement mauvais » n’ont aucune signification, je ne sais pas dire ce qui change dans le monde selon que mon énoncé est vrai ou faux, cet énoncé est « vrai » dans tous les mondes possibles, il est toujours récupérable et réinterprétable, donc il ne dit rien sur le réel, et c’est exactement cela n’avoir aucune signification.
Faire silence
On ne peut parler que pour dire ce qui est le cas dans le monde, et cela sera toujours clair et incontestable puisque reposant sur des faits élémentaires. Alors, que peut-on dire du reste, c’est-à-dire de… ce dont on ne peut pas parler ? Rien, justement, rien du tout, on n’en parle pas, on fait silence. Ce silence n’est pas simplement positiviste, il est mystique, il respecte le Mystique, affirme Wittgenstein.
Vidéo : Un mystique positiviste
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