Bergson L’intériorité indépassable
Toute notre civilisation semble avoir fait le choix des valeurs ■ l’objectivité et de l’extériorité. Bergson est un résistant de l’intério* et l’intériorité a bien besoin qu’on prenne sa défense, puisque même son existence est contestée.
« Subjectif » n’est pas un vilain défaut
La pensée est une expérience de la conscience intime. Cette concepl tion est en rupture avec la modernité, elle peut même être perçuj comme un enfermement, parce qu’elle ne considère pas la communication, l’inter-subjectivité, comme originaire. Cette position peut aussi être comprise comme une volonté de préserver les droits de la conscience,! dans un monde devenu tout objecti-1 vité, extériorité, information et circulation de l’information.
Nous vivons dans ce domaine, l’intériorité subjective, nous le sommes, il est essentiel de lui reconnaître une légitimité indiscutable, prioritaire. D’où modification globale du paysage philosophique. Par exemple, si la liberté est une évidence pour l’intériorité subjective, il importe assez peu qu’elle soit difficilement réinterprétable dans le savoir « objectif » que nous possédons sur le monde extérieur. Même raisonnement pour l’émotion esthétique, les sentiments entre humains, les intuitions de toute nature…
Un penseur n’a qu’une seule idée
L’essentiel est toujours émotion, sentiment, un vécu hors d’atteinte de toute analyse et de toute rationalisation. Comprendre un penseur ou un artiste, c’est donc retrouver en soi l’intuition unique dont toute son œuvre, sa source intérieure. Car l’intuition à l’origine de exprimer,mais qui donne l’énergie d’expression de toute l’ouvre est la distension (dans le temps) d’une intuition unique qui concentre l’énergie en un seul point de la durée. Uœuvre n’est » osée que par les nombreuses facettes de l’intuition d’origine, Multiples points de vue qu’on peut donner sur elle.
intuition unique est une sorte de chiffre, le secret de l’intériorité nenseur lui-même. En approchant de mieux en mieux l’intuition . cornmande toute l’œuvre d’un philosophe, ou d’un artiste, c’est son intériorité, son intimité psychique, que nous approchons graduellement.
Cette intuition d’origine, ajoute Bergson, est le plus souvent fondée sur un refus, une négation. À l’origine des grandes pensées se trouve une intuition de l’inacceptable, qui contredit l’état actuel du savoir et impose de trouver un moyen pour changer les choses.
La logique de l’au-delà
Parce qu’il place l’intuition plus haut que l’analyse, parce qu’il place la potentialité créatrice non encore accomplie, l’énergie spirituelle, plus haut que toute réalisation, Bergson est toujours un penseur de ce qui est au-delà, de ce qui n’est pas vraiment atteint, pas vraiment formulé. Il redonne actualité à cette insatisfaction qui était à l’origine de la philosophie, un besoin d’au-delà, mais qu’il faut chercher en soi- même, un au-delà qui serait l’intériorité, un au-delà en nous-mêmes.
Bergson essaie de penser l’impensable, de dire l’ineffable. Il écrit donc nécessairement une philosophie indirecte, reposant sur la suggestion plus que sur la démonstration. Il ne peut être compris que sur un fond de sympathie, exactement comme une œuvre d’art, ou comme la personnalité de chacun, qui demande de la sympathie Pour être comprise. Donc des expériences vécues, pas des concepts appris.
Vidéo : L’intériorité indépassable
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’intériorité indépassable