Romantisme; comment croire aux mythes
écrit le: 26 janvier 2012 par admin modifié le 8 décembre 2020
Le baron d’Eckstein apportait en renfort la science de Frédéric Creuzer (24), l’auteur de la Symbolique, que Guigniaut traduit et enrichit de 1825 à 1851. Partant de la philosophie de Schelling, Creuzer montre, dans la nature, un ensemble immense d’analogies et de symboles, manifestant l’infini sous des formes accessibles^ à des esprits finis. Le symbole, qui est ainsi « la forme primitive de l’intelligence humaine », donne naissance au mythe, qui le développe sous la forme d’un récit. A passer du symbole, cultivé par les Egyptiens, au mythe devenu luxuriant à l’âge épique, avec les poètes homériques, la vérité religieuse primitive s’est corrompue ; la tradition en a été, cependant, conservée dans les mystères ; enfin, les néo-platoniciens ont rétabli le mysticisme et le symbole dans la mythologie, dont le christianisme a pu s’assimiler maints aspects. Il faudra donc interpréter tous les mythes, pour en dégager le sens religieux, la valeur mystique. Ce système connut le plus grand succès. Il s’appuyait sur les séduisantes idées-forces de tout occultisme : révélation primitive et universelle analogie. Il répondait aux besoins religieux d’une époque anxieuse de croire ; comme l’a, en effet, remarqué Henri Peyer (136), « la symbolique seule peut sauver les religions, car seule elle permet d’interpréter les mythes au gré de chacun ».