Le projet éditorial : L'ensemble documentaire brut
Les défauts majeurs
En caricaturant à peine et en additionnant les erreurs que nous avons rencontrées dans nombre de documents produits par des entreprises et des administrations, nous dirons que trop souvent une revue de presse c’est :
- un paquet de photocopies réalisées dans l’urgence, et donc sans véritable soin : articles mal cadrés, photocopieuse parfois mal réglée produisant des copies trop sombres ou trop claires, parfois rassemblées dans une (ou plusieurs) chemise (s) souple (s) ne portant aucune indication ;
- des reproductions d’articles choisis de manière, sinon aléatoire, mais en tout cas sans véritable sélection ni hiérarchisation. Ce qui veut dire qu’il y a souvent abondance de matière brute : de crainte d’en mettre trop peu, on en rajoute sans se demander si c’est utile ou non. De surcroît, cette matière informative n’est pas construite : les reproductions d’articles se suivent sans que l’on comprenne toujours quelle est la logique qui a présidé à leur organisation ;
- une documentation brute à un autre titre encore parce que l’émetteur Au document en est étrangement absent. Des photocopies, encore des photocopies, rien que des photocopies ! Aucune parole n’est adressée au destinataire, que ce soit pour expliquer ou commenter un choix, pour reformuler synthétiquement le contenu d’un article ou indiquer la pertinence d’un regroupement de textes.
Nous exagérons ? Certes, toutes les revues de presse ne comportent pas la totalité de ces défauts. Toutefois, si vous en réalisez une, il serait bien étonnant que vous ne vous soyez pas reconnu dans l’une ou l’autre des caractéristiques évoquées à l’instant.
Des objections qui ne tiennent pas
Vous objecterez peut-être alors que pour faire autre chose ou faire mieux, il faudrait disposer d’un temps que vous n’avez pas. C’est vrai pour certains points. Mais est-ce vraiment insurmontable que de prendre quelques secondes supplémentaires afin de bien centrer l’article avant d’appuyer sur la touche « copie », ou même de le coller sur une feuille blanche pour éviter de retrouver sur le résultat les traces du capot de la machine ? Est-il plus long de découper l’article pertinent que de le photocopier noyé au milieu de plusieurs autres et de l’identifier alors avec un marqueur fluorescent à l’intention du destinataire ? Et plutôt que d’utiliser des chemises anonymes, est-il difficile de mettre en place une fois pour toutes une pochette pré-imprimée et néanmoins actualisable au moyen des procédés simples.
En fait, tout se passe comme si, dans l’esprit de son réalisateur, la revue de presse n’était pas dotée en tant que telle du statut de véritable document de communication. Là est le nœud du problème. Le travail de communication a été réalisé en amont par des journalistes et d’aucuns s’imaginent que les bribes de ce travail, reprises dans la revue de presse, bénéficieraient comme par magie ou par contagion des qualités de la mise en forme antérieure et qu’ils seraient donc dispensés d’un nouvel effort en ce domaine. Du reste, la forme n’est pas franchement dissociable du fond. Le professionnalisme s’impose donc.