La revue de presse : Les usages
L’évaluation : les représentations et les instruments d’enquêtes
Du point de vue des réalisateurs, évaluer systématiquement les usages de la revue de presse par les destinataires ne semble pas une priorité. Pourquoi ? Dans des entretiens avec des responsables de services de communication ou de documentation, certains mettent en avant le fait que le faible nombre d’exemplaires mis en circulation ne le justifie pas. D’autres invoquent les représentations dominantes attachées à la revue de presse, trop souvent considérée comme un simple outil, parmi d’autres, du service de communication ou de documentation. Peu nombreux sont ceux qui pensent que les utilisateurs envisagent la revue de presse comme étant indispensable à l’entreprise ou à l’administration et qui, en conséquence, lui accordent une réelle attention.
Néanmoins, selon 80 % des responsables de communication interrogés, les revues sont très utilisées. Pour les 20 % restant, elles ne sont utilisées que moyennement. Une chose est sûre : on ne trouve pratiquement personne qui estime qu’elles ne servent à rien ! A partir d’investigations sur un site, nous donnerons quand même un exemple qui montre que parfois elles ne servent pas à grand chose. Dans un office de tourisme, la responsable prépare une revue de presse sur les activités locales à partir de 8 h. L’ouverture au public se fait à partir de 9 h, heure à laquelle arrivent les autres membres de l’office. En période d’affluence, ils n’ont pas le temps de prendre connaissance des informations. Résultat : un travail inutile et une mauvaise image pour l’office dont le personnel n’est pas en mesure de bien renseigner les visiteurs. Solution suggérée – non sans malice – par une stagiaire de ce service : venir plus tôt… Il est vrai que cette modification des horaires de travail, susceptible dans bien des cas d’augmenter l’« indice de fraîcheur » de l’information et partant son intérêt pour les lecteurs, est rarement revendiquée par les enquêtés.
Quels sont les instruments d’évaluation dont se dotent les réalisateurs des revues de presse pour en savoir plus sur la réception et l’impact de ces dernières ? Ces instruments sont souvent très empiriques. De l’avis des responsables, le moyen le plus utilisé est le bouche-à-oreille. Par exemple, une documentaliste précise que dans son entreprise, « il y a toujours quelqu’un qui a lu le journal avant de venir travailler » et que « s’il manque un article, une heure après la distribution, il peut y avoir un coup de fil pour le signaler ». Au hasard des rencontres, tel ou tel matin, on lui dit que la revue de presse était particulièrement intéressante (mais, il s’agit moins du document que du contenu des articles sélectionnés). Dans une autre entreprise, une documentaliste rapporte que des agents lui communiquent des articles parus dans la presse de province pour les intégrer à sa prochaine revue. Cette sollicitude est interprétée comme un signe de l’intérêt que les agents portent à cet outil de communication.
L’évaluation des usages se fait parfois dans l’action. C’est-à- dire que la lecture de la revue de presse par des décideurs se matérialise sous forme de demandes complémentaires aux réalisateurs (« suivez spécialement telle affaire ») ou d’ordres donnés à des collaborateurs qui doivent prendre des mesures (par rapport à la justesse d’une information : « faire paraître un démenti » ; par rapport à un problème pratique, en l’occurrence des accidents de la route : « revoir la signalisation sur telle portion de la nationale »). Ce sont là autant d’indices de l’exploitation du document.
Dans des services plutôt professionnalisés, on procède quelques fois par enquêtes systématiques. Ainsi, une entreprise sidérurgique lance-t-elle tous les deux ans une enquête sur la revue de presse, qui est expédiée à ses 1500 destinataires. A cette occasion, on leur demande de confirmer leur « abonnement ». D’une façon générale, quels sont les principaux enseignements ? Parmi les critiques les plus souvent adressées, revient le manque d’objectivité dans la sélection des articles (cela est patent dans des lieux à forte coloration politique, dans des entreprises qui connaissent des conflits sociaux ou des difficultés économiques). Semblables remarques pondèrent les jugements sur l’absence de censure et pourraient évidemment entraîner des changements significatifs, mais nous avons constaté que l’inertie n’est pas un vain mot. En effet, une relative stabilité est de mise, puisque 75 % des enquêtés affirment que leur revue de presse n’a pas changé depuis sa création. Lorsque l’on sait que certaines d’entre elles existent depuis plusieurs décennies, on ne peut que s’interroger sur le poids de la routine. Toutefois, au vu de bilans établis plus ou moins empiriquement, certains réalisateurs modifient leur pratique ou s’apprêtent à le faire.
Vidéo : La revue de presse : Les usages
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