Symbolistes et Décadents les mythes dans la poésie symboliste
Sous le titre Qu’est-ce que le Symbolisme ? Henri Mazel – en littérature, Saint – Antoine – expliquait, en juin 1894, dans la revue l’Ermitage, que, du symbole, on s’élève naturellement à l’allégorie et au mythe, qui est moins « didactique » que l’allégorie, et définissait le Symbolisme comme « une forme littéraire caractérisée par la fréquence d’œuvres à double sens, c’est-à- dire mythiques et allégoriques ». En 1900, dans une conférence sur les Poètes d’aujourd’hui, Henri de Régnier passe également du Symbole au Mythe et à la Légende qui le complètent et l’élargissent ; il rappelle que Romantiques et Parnassiens ont raconté ces « anecdotes grandioses et séculaires », en se faisant les « contemporains » de « ce passé fabuleux » qu’ils décrivent ; il leur oppose l’usage des Symbolistes :
Les Poètes récents ont considéré autrement les Mythes et les Légendes. Ils en cherchèrent la signification permanente et le sens idéal ; où les uns virent des contes et des fables, les autres virent des symboles. Un Mythe est sur la grève du temps comme une de ces coquilles où l’on entend le bruit de la mer humaine. Un Mythe est la conque sonore d’une idée.
C’est Régnier lui-même qui nous offrira la meilleure illustration de ce traitement symboliste des mythes, en l’occurrence des mythes grecs. Le mythe, disait-il, permet d’« exprimer symboliquement des idées » ajoutons : et, encore, des états d’âme. Ainsi, le poème des Jeux rustiques et divins qui s’intitule Dans une vigne vendangée, chante l’Automne, symbole du moment fécond et triste où l’homme fait sa récolte et incline vers le soir ; ce symbole trouve une expression mythique dans le personnage d’Ariane :
Car la vendange est belle aux corbeilles tressées
Et tu pleures pourtant l’État qui t’abandonne,
Ô triste, ô Ariane éternelle, ô Automne !
Dans la pièce suivante, Epigramme, la légende des oiseaux de Stymphale fournit l’allégorie du temps qui passe : ces oiseaux, dit le poète, sont les Heures de ma vie que je perce de mes flèches, une à une, et qui tombent
Dans l’eau de ma tristesse ou l’onde de ma joie.
Dans La Fontaine aux cyprès, l’allégorie est plus complexe ; le thème de Narcisse, qui n’est pas nommé, y rencontre celui de la chasse de Diane, représentée par une Nymphe qui poursuit le Cerf aux cornes d’or ; cette forêt, explique le poète,
Fut ma Vie où courait mon désir poursuivant,
et, dans la fontaine où l’âme se mire en pleurant, à l’eau s’est mélangé le sang
De la Nymphe et du Cerf et du triste Étranger !
L’allégorie, sans être profonde, s’efforce de n’être point claire et suggère, sans préciser, divers thèmes mythiques. Un peu après, Le Faune au miroir combine le thème de Narcisse et celui du Faune, et mêle aux personnages de la fable les allégories symbolistes,
Les monstres du Désir, les monstres de la Chair,
« la pâle Joie » au « lac de la mémoire » ; dans la maison de sa tristesse, au lieu du reflet de Narcisse, le poète craint de découvrir le Faune, le « monstre rieur » de la vie charnelle, usurpant la place de l’âme… Enfin, dans le même recueil, au long poème, L’Homme et la Sirène, offre l’exemple typique de l’allégorie symboliste. Le Veilleur de proue, qui voit les sirènes et les autres êtres fabuleux, y représente le poète et son martyre ; les hommes ne le croient pas et l’ont cloué à la proue du navire. La pièce raconte l’aventure de Lui et d’Elle ; Elle est née de la Mer, comme Vénus, et, Nymphe à la fontaine, dans la Forêt, elle est la Nature et « la Vie universelle » ; mais Lui refuse la vie ardente et simple de la chair ; il éveille Elle à la Pensée et, de la Nature, fait naître la Femme ; en même temps, entrent dans sa maison la Mort, le péché, le souci… Elle échappe à l’homme « aux yeux de songe et de science », retourne à la Mer, « propice et maternelle », et, vivante et nue, y plonge et redevient la Sirène. L’action est commentée par trois tisserandes, qui sont les trois Parques.
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quelle sont les poesie parnasienne et symboliste au 19eme siecle