Le sens de la guerre : Les partisans de la guerre
Les partisans de la guerre préventive peuvent également présenter des arguments empiriques, tirés de l’expérience passée. Tous les historiens s’accordent à reconnaître qu’une intervention militaire opposée à Hitler dès 1935 au moment de la remilitarisation de la rive gauche du Rhin (interdite par le traité de Versailles) eût pu arrêter le processus catastrophique qui finalement conduira à la guerre mondiale (et à l’extermination des Juifs, qui en est inséparable). L’idée de guerre préventive considérée sous l’angle de cette rétrospective historique n’est donc pas opposée à la raison. On ne voit que trop bien, en revanche, comment cette idée peut servir à une puissance hégémonique de justification a priori pour la sauvegarde de ses intérêts particuliers. De plus, une absence d’événement ne peut jamais servir à légitimer après coup une politique puisque par définition cette absence ne peut pas être prouvée.
On comprend que la thématique de la guerre juste ait pu dériver vers une rhétorique de justification de la Realpolitik. Mais en a-t-il jamais été autrement ? Comme l’a montré Michael Walzer dans son ouvrage Guerres justes et injustes, il serait abusif de renoncer à l’idée de guerre juste sous prétexte qu’elle a pu être utilisée à des fins contraires à son esprit par des dirigeants trop bien intéressés. Renoncera-t-on à dire la vérité sous prétexte que des sophistes mentent en donnant à leurs arguments l’apparence de la vérité ?
Cela dit, le droit international ne reconnaît ni le droit d’ingérence ni la légitimité de la guerre préventive. La Charte des Nations unies – dont la première finalité, rappelons-le, est l’établissement de la paix mondiale – fixe des limites étroites au recours à la guerre. Les États n’ont le droit d’utiliser la force qu’en cas de légitime défense ou d’agression. L’ONU est supposée régler pacifiquement les différends internationaux. En cas d’échec, seule une décision motivée du Conseil de sécurité peu! légitimer l’emploi de la force.