L’apologie de la guerre
L’apologie de la guerre entre aussi, évidemment, dans le cadre d’une philosophie de l’histoire. On a vu dans la guerre le principal facteur du progrès des sociétés. Tel est le point de vue de Hegel : un peuple vaincu ne mérite plus de représenter l’Esprit devant le tribunal du monde. Kant, dont le pacifisme ne fait pas de doute, créditait pourtant la guerre de cette vertu : elle fait se rencontrer les peuples – lesquels, autrement, resteraient isolés sur leurs territoires.
On ne manquera pas non plus de signaler l’influence favorable que la guerre peut avoir sur la recherche scientifique. Archimède lut le premier grand savant dont les travaux ont été utilisés à des fins militaires. La Seconde Guerre mondiale fut l’origine directe d’une série d’inventions considérables (le radar, le transistor, l’ordinateur…). Mais cela plaide-t-il réellement en faveur de la guerre ? L’argument ne pourrait-il par se retourner contre la science et la technique (il faut que la connaissance soit bien trouble pour permettre ainsi de telles applications meurtrières) ?
A côté de ces considérations politiques et culturelles, il y a les arguments économiques. Déjà, symboliquement, à Rome, Mars était à la fois le dieu de la guerre et le gardien des champs. Plus cyniquement, on développera, surtout à l’époque moderne, l’argument selon lequel la guerre est un moyen idéal pour faire tourner les économies à plein régime. Une loi (la loi de Fried- man) stipule même que le taux de croissance d’un pays après une guerre est d’autant plus élevé que celui-ci a été touché dans ses infrastructures. Ainsi la guerre n’est-elle pas seulement la vertu, la force, ou la vie, elle est aussi la richesse de l’homme.