Henry Miller au coeur de la Grèce
Lecture du roman d’Henry Miller « Le colosse de Maroussi »
Le colosse de Maroussi est un récit autobiographique racontant le voyage de Henry Miller en Grèce. Après avoir passé une bonne part de sa vie en France, l’auteur décide de visiter la Grèce tant flattée par son ami Lawrence Durrell. À la lecture des permières pages, on s’attendait à une évocation fade de l’histoire du pays ou encore à un essai philosphique sur la mythologie ou encore à une analyse sociologique des plus morbides. Ceci dit, l’image de Henry Miller dans la scène littéraire ne laisse prédire de telles réflexions. Dans un style somptueux, qu’on croirait interdit aux praticiens de la langues anglaise (traduite de surcroit), Henry Miller décrivait la beauté intérieure du pays tout en reliant la nature envoûtante à l’antécédant mythologique qui est parfois même inventé par l’auteur, notamment à travers le mythe créé d’Agamemnon et de ses deux fils : Louis Armstrong et Epaminondas.
Insolitement, Miller avoue n’avoir pas lu une ligne des écrits d’Homère et c’est ce qui ouvre grandement la voie à l’imagination et à la créativité dans le récit. Dans chaque ville visitée le romancier nous fait part de ses sensations inouïes, de ses rencontres ahurissantes et de ses aventures incroyables. Une grande fraction du récit est dédiée à un personnage hors du commun des mortels, qualifié de grande âme selon l’auteur; Katsimbalis le grec dont l’esprit regorge d’histoires ou plutôt dont l’esprit ne reconnaît pas de limite à la création. Ce personnage me rappelle Alexis Zorba de Nikos Kazantzaki connu sous l’appelation de Zorba le Grec, un bon viveur assoifé de chair et de vin, un conteur inégalé qui détient le pouvoir d’embellir l’objet le plus banal, un pouvoir magique qu’il a hérité de ses aieuls d’élever l’humain au rang des dieux et de transmettre cet exploit d’une génération à une autre. Le titre du roman est un hommage à ce personnage et aux grecs que l’auteur a rencontré pendant son voyage et qui l’ont impressioné par leur amabilité, leur spontanéité et leur générosité. La comparaison entre l’occident et la Grèce se répète fréquemment et sur plusieurs niveaux surtout lors des conversations futiles que l’auteur tenait à des grecs américanisés. En effet, les sociologues démontrent que l’intégration dans une nouvelle société nécessite des dizaines d’années voir plus, le temps d’accepter les normes étrangères et de s’y identifier tout en reniant inconsciemment les normes d’origine. Dans ce roman, la révolte refoulée de l’écrivain à l’égard d’un système social occidental a remonté à la surface suite à sa visite en Grèce.
Le récit ne manque pas de surprises; Il faut dire qu’à chaque baisse du rythme annonçant un statut quo, un fait imprévisible trouble la séquence monotone des événements. C’est ce qui caractérise généralement les récits de voyage, la touche de suspense.
Le tour des blogs :
Dans Bloggieman, on constate que le style d’écriture impressionne le lecteur au point de croire que « le bonhomme (Miller) écrit au fil de la plume ». D’autre part la luxiote a constaté la similitude qui existe entre « Le colosse de Maroussi » et « L’été grec » de Jacques Lacarrière.