Le réalisme mouvement littéraire
Le réalisme est un mouvement artistique apparu dans l’Europe moderne dans la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier en Italie et en Allemagne. Il est née de la nécessité de réagir contre le sentimentalisme romantique et contre ‘la folie, le sens banal et commun’. Il cherche à peindre la réalité telle qu’elle est, sans artifice et sans idéalisation, choisissant ses sujets dans la classe moyenne ou populaire, et abordant des questions comme le travail rémunéré, l’état matrimonial, ou les confrontations sociales. Il s’oppose ainsi au romantisme, qui a dominé la première moitié du siècle, et le classicisme. Il s’est ensuite propagé à l’ensemble de l’Europe et l’Amérique, où elle a survécu jusqu’en 1950. Les mouvements qui ont supplanté le réalisme incluent le symbolisme, mal défini en face du naturalisme plus rigoureux, le Parnasse et le surréalisme.
Le réalisme dans le monde
La traduction de Zola créa des émules à travers le monde. En Italie, se développa un courant réaliste national appelé le vérisme et illustré par les écrivains siciliens Giovanni Verga et Luigi Capuana. Ces auteurs dépeignent les classes populaires de la société, dans les régions périphériques du pays, dans un style dépouillé et avec des dialogues reflétant la langue parlée. Le courant se poursuit dans les premières années du xxe siècle avec des romanciers régionalistes, comme Matilde Serao à Naples, Renato Fucini en Toscane, et Grazia Deledda en Sardaigne. En Espagne, Benito Pérez Galdós, à côté de ses très nombreux romans historiques, écrit plusieurs romans sociaux d’inspiration balzacienne, tout comme Camilo Castelo Branco et Eça de Queiroz au Portugal, dans les mêmes années.
En Scandinavie et en Russie, le mouvement est repris par des auteurs dramatiques, qui s’inspirent de faits quotidiens pour leurs pièces et représentent des gestes et des paroles tirés de la vie de tous les jours. Le Norvégien Henrik Ibsen, le Suédois August Strindberg, et les Russes Anton Tchekhov et Maxime Gorki écrivent des pièces qui restent encore aujourd’hui parmi les plus jouées du répertoire en suivant les enseignements du Réalisme.
Le Réalisme traverse ensuite l’Atlantique avec quelques décennies de retard, le temps que les œuvres des auteurs français et anglais cités fassent leur chemin. Aux États-Unis, le courant réaliste est associé au mouvement progressiste, qui cherche à réformer les conditions de vie, d’hygiène et de travail des classes laborieuses en dénonçant les abus du « capitalisme sauvage » qui atteint son apogée dans les années 1890. Upton Sinclair expose les conditions infâmes des abattoirs de Chicago dans The Jungle, publié en 1906, tandis que Theodore Dreiser décrit la vie difficile d’une femme de la classe ouvrière dans Jennie Gerhardt (1911), et la chute d’une femme issue d’une petite ville et happée par les tentations et les dangers de New York dans Sister Carrie (publié en 1900, mais diffusé seulement après 1912). Sinclair se tourne rapidement vers la politique, mais Dreiser poursuit sa carrière d’écrivain, et est rejoint par Sinclair Lewis qui dans Main Street dépeint une Madame Bovary américaine. Le mouvement se poursuit au Canada anglais dans les années 1920 et 1930 avec Frederick Philip Grove et Morley Callaghan, et en Amérique latine avec entre autres l’Argentin Manuel Gálvez.
Réalisme en Grande-Bretagne
Le Réalisme anglais trouve ses racines au xviiie siècle, par exemple dans les romans d’Henry Fielding, qui décrivent la racaille de Londres, ou encore chez Tobias Smollett. Le mouvement prend de l’ampleur au milieu du xixe siècle, et de grands auteurs comme Thomas Hardy, D.H. Lawrence, George Eliot ou l’Irlandais George Moore s’inscrivent pleinement dans le mouvement réaliste, en s’attardant aux milieux ouvriers, aux relations adultères et à la classe des domestiques, alors que leurs prédécesseurs posaient leurs intrigues parmi les familles aisées de la campagne ou les professionnels ou les gens d’Église. Le scandale sera aussi de la partie : le dernier roman de Hardy, Jude l’Obscur, publié en 1895, est très mal reçu en raison de son traitement de la sexualité et de ses critiques acerbes du mariage, de l’université et de l’église. Déçu, Hardy abandonne alors la prose et consacre ses dernières années à la poésie.
Réalisme en France
Le mouvement réaliste apparu en France vers 1850: il est attribué à tort, Jules Champfleury affirme se méfier du terme: « Le nom me fait horreur par sa terminaison pédantesque ; je crains les écoles comme le choléra, et ma plus grande joie est de rencontrer des individualités nettement tranchées. » Il reviendra sur cette question dans son livre Le Réalisme (1857). Il souligne également la façon dont il rejette le terme.
Il n’y a cependant jamais eu d’école réaliste, dans le sens qu’il existait «des écoles« naturaliste , symboliste, surréaliste, regroupant des écrivains sous la bannière d’une communauté esthétique revendiquée. Certains auteurs français, néanmoins, se voient qualifiés de « réalistes » de manière assez récurrente, tels que Maupassant, Stendhal ou encore les frères Goncourt. Maupassant est en effet le créateur de certains contes et nouvelles réalistes dans lesquels il dépeint, dans un style simple et avec beaucoup de précision, la réalité. Stendhal, quant à lui, écrit avec une grande sensibilité esthétique et rend compte, sans indulgence, des mœurs de son temps, il associera également le roman à un miroir promené le long d’un chemin. Enfin, les frères Goncourt possèdent également une place à part entière dans ce courant avec leur « réalisme documentaire »; cependant, leur style d’écriture recèle aussi de nombreuses notes impressionnistes.
Entre les deux concepts: le réalisme par rapport romance, c’est dans la littérature, laissant le champ libre à une forme d’œuvres qui oscillent entre les deux. Citons Stendhal, un précurseur du miroir de la littérature, à proximité d’un romance avec la violence du personnage de Julien Sorel , ou de feutre avec La Chartreuse de Parme. Balzac et aussi, à proximité d’un réalisme romantique avec le personnage de Lucien de Rubempré ou de roman poétique avec le lys de la vallée. Mais ces nuances ont été lentes à émerger. «Stendhal et Balzac avaient pu paraître anti-Lamartine, nous avons réalisé qu’ils étaient mieux faits. Par conséquent, le réalisme sera la remise en cause du scientisme et Prométhée, le mérite et la valeur des œuvres humaines, qui avait déjà organisé l’effort’
Le réalisme et le naturalisme sont certainement proches, mais ne signifie pas tout à fait la même chose non plus. En effet, lorsque Champfleury a parlé de réalisme, il voulait juste dire la littérature de la vérité, le désir de reproduire la réalité. Emile Zola qui était le premier a utiliser le terme de naturalisme en 1880 dans son célèbre essai Le Roman expérimental. Emile Zola donne une nouvelle dimension au réalisme, il ajoute une facette qui se prétend scientifique et qui est censé fournir une analyse objective des questions ou des faits tels que l’hérédité et l’alcoolisme.
Auteurs et des œuvres
Gustave Courbet s’impose, dans les années 1850, comme le chef de file du mouvement réaliste en peinture. Dans la poésie, Leconte de Lisle est considéré comme le chef de file du mouvement parnassien ou tout au moins comme le maître des jeunes poètes de cette école, Le théâtre, il se trouve dans Eugène Scribe, Augier, Dumas-fils, Pailleron, et enfin dans la critique et l’histoire de Renan, Hippolyte Taine et Fustel de Coulanges. Le XIXe siècle sera marqué par ces hommes.