Vers la paix mondiale : Le principe des nationalités
Le principe des nationalités qui remplaça au XIXe siècle le principe de légitimité dynastique parut à l’origine être un facteur de paix jusqu’à ce qu’il débouche sur les conflits mondiaux. « Les grandes guerres contemporaines sont le résultat des études historiques », avait diagnostiqué Nietzsche1. Si, comme le pensait Clausewitz, la guerre est la simple continuation de la politique avec d’autres moyens, il n’est plus impossible d’envisager la fin de la guerre comme un effet possible de la fin de la politique. Non seulement les guerres d’annexion et les guerres pour la défense territoriale ont disparu de notre horizon mais elles nous semblent désormais inenvisageables. Et il n’y a plus de ministère de la guerre, ni même de ministère des armées, il y a désormais les ministères de la défense. Hommage que le vice rend à la vertu, l’hypocrisie internationale est de règle.
Contrairement à une opinion communément répandue, la baisse du nombre des guerres est beaucoup plus due à leur suppression ou à leur endiguement qu’à la résolution des problèmes d’où elles sont issues (qui résoudra jamais les problèmes de liberté et de justice où se débattent les hommes ?). Certes, le duel ne disparut pas d’un coup avec sa mise hors-la-loi par les législations d’État mais s’il finit par être regardé comme une anomalie, c’est parce que la loi l’interdisait. 11 est loisible de penser que la guerre pourrait connaître un même destin à l’échelle du monde.
Ernst von Salomon disait déjà dans les années 1920 : « La guerre est finie, ruais les guerriers sont toujours là ». On a parlé de « guerres asymétriques » à propos des guerres qui mettent aux prises des puissances très inégales : un État nucléaire d’un côté (au premier chef, les États-Unis), un État faible ou une organisation terroriste sans État, de l’autre. Les interventions armées effectuées par les États-Unis depuis une dizaine années ont été appelées guerres, mais on peut aussi se demander si ces « interventions » sont encore des guerres, si elles ne sont pas plutôt des opérations de police internationale. Dans ces guerres asymétriques, il n’y a plus de choc frontal entre armées opposées, plus de champ de bataille. Même si le concept de « guerre propre », de « guerre zéro mort » apparaît davantage comme un thème de propagande que comme un fait réel, il n’en reste pas moins vrai que la brièveté de ces interventions rendues possibles par une écrasante supériorité technologique unilatérale tend à réduire le nombre des victimes.
Par ailleurs, les pays démocratiques répugnent de plus en plus à traiter en ennemies les populations étrangères qui se trouvent impliquées dans le conflit. Désormais, les militaires (dont c’est le métier) font de moins en moins la guerre et de plus en plus d’efforts pour l’empêcher. Paradoxe final : les militaires de carrière finissent par n’avoir plus pour mission que de supprimer les conditions mêmes de leur métier. Cet irénisme n’empêche pas toujours les catastrophes sur le terrain.
Certes, la possibilité de la guerre reste la marque des relations internationales, la forme État a encore probablement plusieurs décennies devant elle, mais dans ce contexte westphalien, et en attendant une hypothétique confédération à l’échelle mondiale, l’idéal de la raison pratique, tel que Kant l’avait établi, semble difficilement dé passable ou contestable : si la paix perpétuelle est impraticable, elle peut être indéfiniment approchée.
Contrairement à une opinion communément répandue, la baisse du nombre des guerres est beaucoup plus due à leur suppression ou à leur endiguement qu’à la résolution des problèmes d’où elles sont issues (qui résoudra jamais les problèmes de liberté et de justice où se débattent les hommes ?). Certes, le duel ne disparut pas d’un coup avec sa mise hors-la-loi par les législations d’État mais s’il finit par être regardé comme une anomalie, c’est parce que la loi l’interdisait. 11 est loisible de penser que la guerre pourrait connaître un même destin à l’échelle du monde.
Ernst von Salomon disait déjà dans les années 1920 : « La guerre est finie, ruais les guerriers sont toujours là ». On a parlé de « guerres asymétriques » à propos des guerres qui mettent aux prises des puissances très inégales : un État nucléaire d’un côté (au premier chef, les États-Unis), un État faible ou une organisation terroriste sans État, de l’autre. Les interventions armées effectuées par les États-Unis depuis une dizaine années ont été appelées guerres, mais on peut aussi se demander si ces « interventions » sont encore des guerres, si elles ne sont pas plutôt des opérations de police internationale. Dans ces guerres asymétriques, il n’y a plus de choc frontal entre armées opposées, plus de champ de bataille. Même si le concept de « guerre propre », de « guerre zéro mort » apparaît davantage comme un thème de propagande que comme un fait réel, il n’en reste pas moins vrai que la brièveté de ces interventions rendues possibles par une écrasante supériorité technologique unilatérale tend à réduire le nombre des victimes.
Par ailleurs, les pays démocratiques répugnent de plus en plus à traiter en ennemies les populations étrangères qui se trouvent impliquées dans le conflit. Désormais, les militaires (dont c’est le métier) font de moins en moins la guerre et de plus en plus d’efforts pour l’empêcher. Paradoxe final : les militaires de carrière finissent par n’avoir plus pour mission que de supprimer les conditions mêmes de leur métier. Cet irénisme n’empêche pas toujours les catastrophes sur le terrain.
Certes, la possibilité de la guerre reste la marque des relations internationales, la forme État a encore probablement plusieurs décennies devant elle, mais dans ce contexte westphalien, et en attendant une hypothétique confédération à l’échelle mondiale, l’idéal de la raison pratique, tel que Kant l’avait établi, semble difficilement dé passable ou contestable : si la paix perpétuelle est impraticable, elle peut être indéfiniment approchée.