Le sens de la guerre : Au moyen Âge
Au Moyen Âge, le monastère préfigure la Jérusalem céleste. Les moines s’abstiennent de la guerre comme ils s’abstiennent du mariage et de la propriété privée. Mais l’Église médiévale justifie d’autant mieux la guerre que celle-ci constitue le paradigme de l’effort spirituel (la guerre contre Satan, le péché, les désirs impurs, etc.). C’est dans ce contexte qu’il convient de comprendre la figure du chevalier : le chevalier spiritualise de combat, il réconcilie la violence avec l’Évangile. La canonisation par l’Église de Louis IX, roi guerrier mort en croisade, en saint Louis, est symptomatique de ce grand mouvement d’assomption de la guerre par les institutions chrétiennes. Caractéristique à cet égard est l’inflexion que connaît la légende de saint Georges, modèle de chevalerie : son refus de servir son empereur, parce que païen, passe désormais derrière l’épisode de la lutte contre le dragon.
Machiavel marque une bifurcation importante dans la pensée politique : contre la tradition antique et médiévale, le philosophe italien pense que la politique n’est pas tant l’expression d’une vie commune que celle de l’antagonisme qui déchire toutes les communautés humaines. C’est à la Renaissance, avec l’apparition des États modernes, qu’apparaît la notion de raison d’État (ragione di stato en italien) : l’ordre politique possède une spécificité irréductible aux valeurs morales et religieuses ; la souveraineté incarnée par le prince (roi, empereur…) est la nature d’un État, la guerre est une prérogative du souverain comme le duel l’était du gentilhomme. Pour Machiavel, le lion symbolise la voie des armes et le renard, la voie de la ruse, qui n’est en fait que la guerre continuée par d’autres moyens. Le Prince devra être tantôt lion tantôt renard. L’auteur du Prince reprend à son compte cette sentence de Tite-Live : juste est la guerre pour ceux à qui elle est nécessaire et les armes sont saintes quand il n’y a plus d’espoir qu’en elles. Machiavel justifie la guerre jusque dans sa forme préventive qu’il juge la seule vraiment raisonnable. Tous les moyens sont bons, dès lors qu’il s’agit de défendre sa patrie ; or, pour que la patrie soit bien défendue, il faut souvent attaquer le premier : « Tous les prophètes bien armés furent vainqueurs, et les désarmés, déconfits ».
Mais la guerre est aussi pour Machiavel le moyen le plus efficace pour éviter l’embrasement d’une conflictualité bien plus dévastatrice pour le corps social : celle qui est produite par la guerre civile. Néanmoins, si la guerre contre un ennemi extérieur permet de différer l’explosion d’une dissension interne, elle n’abolit pas celle-ci. Les Romains, « peuple très féroce » dit Machiavel , et pour cela vertueux, était dans l’obligation de se donner des ennemis à l’extérieur pour ne pas tourner vers eux- mômes leur propre violence. Mais c’est ce qui finit par leur arriver après qu’ils eurent conquis le monde – de nombreuses guerres civiles se produisirent et l’empire mit fin à la liberté républicaine.
Machiavel marque une bifurcation importante dans la pensée politique : contre la tradition antique et médiévale, le philosophe italien pense que la politique n’est pas tant l’expression d’une vie commune que celle de l’antagonisme qui déchire toutes les communautés humaines. C’est à la Renaissance, avec l’apparition des États modernes, qu’apparaît la notion de raison d’État (ragione di stato en italien) : l’ordre politique possède une spécificité irréductible aux valeurs morales et religieuses ; la souveraineté incarnée par le prince (roi, empereur…) est la nature d’un État, la guerre est une prérogative du souverain comme le duel l’était du gentilhomme. Pour Machiavel, le lion symbolise la voie des armes et le renard, la voie de la ruse, qui n’est en fait que la guerre continuée par d’autres moyens. Le Prince devra être tantôt lion tantôt renard. L’auteur du Prince reprend à son compte cette sentence de Tite-Live : juste est la guerre pour ceux à qui elle est nécessaire et les armes sont saintes quand il n’y a plus d’espoir qu’en elles. Machiavel justifie la guerre jusque dans sa forme préventive qu’il juge la seule vraiment raisonnable. Tous les moyens sont bons, dès lors qu’il s’agit de défendre sa patrie ; or, pour que la patrie soit bien défendue, il faut souvent attaquer le premier : « Tous les prophètes bien armés furent vainqueurs, et les désarmés, déconfits ».
Mais la guerre est aussi pour Machiavel le moyen le plus efficace pour éviter l’embrasement d’une conflictualité bien plus dévastatrice pour le corps social : celle qui est produite par la guerre civile. Néanmoins, si la guerre contre un ennemi extérieur permet de différer l’explosion d’une dissension interne, elle n’abolit pas celle-ci. Les Romains, « peuple très féroce » dit Machiavel , et pour cela vertueux, était dans l’obligation de se donner des ennemis à l’extérieur pour ne pas tourner vers eux- mômes leur propre violence. Mais c’est ce qui finit par leur arriver après qu’ils eurent conquis le monde – de nombreuses guerres civiles se produisirent et l’empire mit fin à la liberté républicaine.