Candide voltaire
écrit le: 15 novembre 2011 par admin modifié le 10 juillet 2022
Candide, ou l’optimisme est un conte philosophique de Voltaire paru à Genève en Janvier 1759. Il a été réédité vingt fois du vivant de l’auteur (plus de cinquante aujourd’hui) ce qui en fait un des plus grands succès littéraires français. Anonyme en 1759, Candide est attribué à un certain « Monsieur le Docteur Ralph » en 1761, à la suite du remaniement du texte par Voltaire.
Candide est le titre complet de Candide ou l’optimisme. Prétendument traduit d’un ouvrage du Docteur Ralph (qui, en réalité, n’est que le pseudonyme utilisé par Voltaire), cette œuvre, ironique dès les premières lignes, ne laisse aucun doute sur l’identité de l’auteur, qui ne pouvait qu’être du parti des philosophes. «Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la soeur de monsieur le baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du
temps».
On perçoit immédiatement, dans la fin du premier paragraphe de l’œuvre, le sarcasme moquant le conservatisme social de la noblesse arrogante. Certes tel que Molière un siècle plus tôt le pratiquait aux dépens de la petite aristocratie provinciale mais aussi annonçant, le Figaro de Beaumarchais : «Si le ciel avait voulu, je serais le fils d’un prince.
Candide est également un récit de formation, récit d’un voyage qui transformera son héros éponyme en philosophe, un Télémaque d’un genre nouveau.
L’onomastique, en matière d’interprétation des textes de voltairiens, se révèle souvent fructueuse. Le mot «candide» vient du latin candidus qui signifie blanc. Le choix d’un tel nom indique l’innocence du héros voire sa naïveté.
- Sommaire:
- 1 Résumé
- 2 Contexte politique
- 3 Référence
Résumé
Candide est un jeune garçon vivant dans le château du baron de Thunder-ten-tronckh. Son maître, Pangloss un philosophe qui enseigne la «métaphysique-théologo-cosmologie nigologie» et professe, comme Leibniz, que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Mais Candide est expulsé de ce meilleur des mondes possibles à la suite d’une «leçon de physique expérimentale» entreprise avec Cunégonde, la fille du baron. Candide découvre le monde de déceptions.
Enrôlé de force dans les troupes bulgares, il assiste aux massacres de la guerre. Il s’enfuit, horrifié, puis est recueilli par Jacques l’anabaptiste. Il trouve Pangloss réduit à un vieil homme, souffrant de la variole; il lui apprend la mort de Cunégonde, violée par des soldats bulgares, ainsi que celles du baron (le crâne fracassé par les Bulgares), de la baronne et du frère de Cunégonde. Ils vont avec Jacques à Lisbonne. Après un orage qui a noyé Jacques, ils arrivent à Lisbonne, le jour d’un tremblement de terre et sont victimes d’un autodafé durant lequel Pangloss est pendu. Candide retrouva Cunégonde, la maîtresse d’un grand inquisiteur et d’un riche Juif. Il est amené à tuer les deux hommes et s’enfuit avec Cunégonde et sa vieille servante vers Cadix en Espagne.
Il s’embarque avec son valet Cacambo, Cunégonde et la vieille servante pour le Paraguay. Forcé de quitter Cunégonde à Buenos Aires, il s’enfuit avec Cacambo au Paraguay. Ils y retrouvent le frère de Cunégonde, qui avait en réalité échappé au massacre de Westphalie. Candide informe le frère de Cunégonde son intention d’épouser sa soeur, ce dernier lui donne un grand coup du plat de son épée sur le visage, Candide réplique en le transperçant d’un coup d’épée.
Avec les autres ils s’échappent, évitent de peu d’être mangés par les sauvages Oreillons et découvrent le pays d’Eldorado, lieu mythique où l’abondance, la paix et la prospérité règnent. Ils y sont heureux, mais préfèrent le quitter, avec quantité de richesses offertes par le roi de l’Eldorado, pour retrouver Cunégonde.
Envoyant Cacambo acheté Cunégonde, Candide est volé par un commerçant et un juge. Il a ensuite rencontré Martin, et a rejoint l’Europe avec lui. Ils passent par Paris, où il est volé par un abbé et échappe de justesse à la prison. Candide et Martin rejoignent Venise où ils cherchent en vain Cunégonde, mais retrouvent Cacambo. Ils y rencontrent Paquette, une servante du Baron de Thunder-ten-tronckh, et son amant le moine Giroflée, découvrent Pococurante, un riche désabusé, et font la connaissance de six rois détrônés.
Ils partent ensuite pour Constantinople délivrer Cunégonde, devenue laide, esclave du roi déchu Ragotski et racheter le valet Cacambo. Sur la galère, parmi les forçats, ils retrouvent Pangloss, ayant échappé à la pendaison, et le frère de Cunégonde, ayant survécu au coup d’épée, que Candide délivre contre rançon. À Constantinople, il rachète Cunégonde enlaidie et acariâtre, l’épouse contre l’avis de son frère qu’il est contraint de chasser, s’installe dans une métairie, se fait voler par des marchands, recueille Paquette et Giroflée et finit en cultivant son jardin.
Pangloss disait quelquefois à Candide: «Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles; car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mlle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin».
Le dernier chapitre du roman donne un sens à cette quête en condamnant la philosophie optimiste de Leibniz incarnée par Pangloss pour lui préférer un bonheur plus concret et plus modeste : celui de la petite métairie fondée sur les valeurs du travail : « cultiver » et du travail collectif « notre jardin »
Contexte politique
Lorsqu’il est libéré, Voltaire a vécu dans la propriété des Délices à Genève, véritable «palais d’un philosophe avec les jardins d’Epicure». Deux événements récents l’ont choqué: le tremblement de terre de Lisbonne du 1er Novembre 1755 et le début de la guerre de Sept Ans (1756) qui a inspiré cette réflexion: «Presque toute l’histoire est une série d’atrocités inutiles» (Essai sur l’histoire générale, 1756 ).
Ayant envoyé son Poème sur le désastre de Lisbonne à Jean-Jacques Rousseau, ce dernier a répondu par une lettre dans laquelle il cherche à justifier la providence divine, que Voltaire doute fortement après ces événements. Il affirme, dans le neuvième livre de ses Confessions, le roman philosophique Candide est la réponse à cette lettre.
L’année précédant la publication de cet ouvrage, l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, à laquelle participait Voltaire, connaît un coup d’arrêt par le retrait du privilège royal et la condamnation prononcée par le Parlement de Paris. Voltaire aurait donc trouvé, avec Candide, un moyen de continuer à transmettre les idées des Lumières. But d’ailleurs amplement atteint, le livre ayant touché presque tous les lettrés.
Certains critiques ont vu dans ce personnage l’incarnation de la naïveté de l’auteur lui-même. Le baron, au nom imprononçable, entiché de ses quartiers de noblesse, qui va exclure Candide du « jardin d’Eden » symboliserait la noblesse allemande tandis que le « roi des Bulgares » serait Frédéric II qui, en novembre 1757, s’est couvert de gloire dans la victoire de Rossbach. Voltaire, qui croyait à la défaite de son ancien protecteur, prend alors conscience de sa naïveté. Le conte serait donc une revanche sur l’humiliation infligée par Frédéric II, à la suite de la brouille qui a fâché le philosophe avec le roi de Prusse en 1753.
La mise en scène des ordres religieux dans Candide est fréquente. Cela est dû au fait que Voltaire avait été élevé par les jésuites, envers qui il a développé à la fois reconnaissance et hargne42. C’est ainsi qu’on retrouve des épisodes tels que celui au cours duquel le héros transperce le frère de Cunégonde, devenu Jésuite.
Référence
Voltaire place beaucoup d’allusions en rapport avec l’actualité parisienne de son temps. Il fait référence à certaines discussions qui ont eu lieu à l’académie des sciences.